L’Iran doit autoriser un cinéaste incarcéré à se rendre au Festival de Cannes

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI-
11 mai 2010

Amnesty International exhorte l’Iran à libérer un réalisateur accusé d’avoir critiqué les autorités et à lui permettre de se rendre cette semaine au Festival du film de Cannes, où il est invité en tant que membre du jury.

Jafar Panahi est attendu en France dans le cadre du festival ce mercredi 12 mai 2010. Mais il est incarcéré à la prison d’Evin de Téhéran, depuis qu’il a été arrêté le 1er mars pour avoir réalisé un film sur l’élection présidentielle controversée de 2009.

Un autre cinéaste iranien, Mohammad Ali Shirzadi, est détenu dans cette même prison, semble-t-il parce qu’il a filmé un entretien entre un défenseur des droits humains et le haut dignitaire religieux dissident, l’ayatollah Montazeri. Amnesty International les considère tous deux comme des prisonniers d’opinion.

« Une chaise vide au Festival de Cannes, réservée pour Jafar Panahi, illustrera la folie et l’injustice de la répression iranienne à l’encontre de ceux qui ont critiqué pacifiquement le gouvernement dans le sillage de l’élection de juin 2009, a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Le travail de Jafar Panahi a suscité respect et reconnaissance dans le monde entier, pourtant en Iran il languit derrière des barreaux. »

Jafar Panahi, 49 ans, a été arrêté le 1er mars en même temps que sa femme, sa fille et plusieurs invités, par des policiers en civil qui sont entrés par effraction à son domicile. Tous, à l’exception de Jafar Panahi, ont depuis lors été libérés. Sa femme a été autorisée à le voir pour la première fois le 30 mars.

Au début du mois de mai, des stars de Hollywood, dont Steven Spielberg, Martin Scorsese et Robert De Niro, ont demandé au gouvernement iranien de libérer le réalisateur à qui l’on doit des films internationalement applaudis tels que Le ballon blanc et Le cercle.

Des membres d’Amnesty International du monde entier se sont également joints à la campagne en faveur de sa libération.

Jafar Panahi a été brièvement détenu en juillet 2009 pour avoir pris part à un rassemblement commémorant la mort de Neda Agha Soltan, jeune femme qui aurait été tuée par un bassidji (milicien volontaire) durant les manifestations post-électorales à Téhéran.

Il a plus tard été remis en liberté, mais s’est vu interdire tout déplacement à l’étranger, notamment au Festival du film de Berlin de 2010, auquel il devait participer.

Mohammad Ali Shirzadi a été interpellé par cinq hommes non identifiés le 4 janvier 2010 devant chez lui à Téhéran. Son ordinateur, son agenda personnel et d’autres effets ont été saisis.

Sa famille pense que son arrestation est sans doute liée à un entretien qu’il a filmé il y a environ deux ans entre le défenseur des droits humains Emadeddin Baghi et feu l’ayatollah Hussein Ali Montazeri.

Amnesty International rappelle aux autorités iraniennes que la liberté d’expression est garantie par l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) auquel l’Iran est partie et que ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de son choix.

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