Communiqué de presse

L’Italie doit annuler la fermeture d’un site accueillant des familles roms à Rome

Les autorités italiennes doivent immédiatement mettre un terme au projet d’expulsion concernant des familles roms qui vivent sur un site autorisé à la périphérie de Rome, et devraient plutôt améliorer les conditions de logement dans ce quartier, a déclaré Amnesty International jeudi 28 juin.

La municipalité de Rome envisage de fermer le site de Tor de’ Cenci et de réinstaller les habitants sur un nouveau site avant le 10 juillet. Néanmoins, elle n’a pas expliqué clairement les raisons de ce projet, ni respecté les garanties en la matière au moment de prendre sa décision et de choisir un autre site.

« La détérioration des conditions de vie à Tor de’ Cenci et l’annonce répétée de la fermeture inévitable de cet endroit n’a pas permis une véritable consultation. Les autorités n’offrent qu’une seule option : le transfert vers un autre site », a déclaré Jezerca Tigani, directrice adjointe du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« Les autorités doivent s’abstenir de chasser des habitants qui ne souhaitent pas s’installer ailleurs, et prendre des mesures en consultation avec la population concernée pour améliorer significativement les conditions de logement et aménager le site de façon adéquate. »

« Ce n’est pas possible de nous installer à un endroit, puis à un autre trois ans plus tard, et encore à un autre 10 ans après. Ils jouent avec nous comme si nous étions un ballon de foot », raconte un porte-parole des habitants du site à Amnesty International.

Plus de 350 Roms, principalement des ressortissants de Bosnie-Herzégovine et de Macédoine, vivent à Tor de’ Cenci depuis des années, voire depuis 16 ans pour certains d’entre eux.

Ce site a été ouvert par la municipalité en 1995, dans une zone où les résidents ont accès aux services essentiels, y compris la nourriture et l’école pour les enfants.

Cependant, au cours des deux dernières années, les autorités ont commencé à qualifier ce lieu de « site toléré », menaçant de le fermer. Elles ont peu à peu cessé de l’entretenir et les conditions de vie s’y sont progressivement détériorées.

La municipalité prévoit de déplacer les résidents de Tor de’ Cenci vers le nouveau site de La Barbuta, où tous les habitants auraient la même origine ethnique.

La fermeture annoncée de Tor de’ Cenci et la construction de La Barbuta font partie du « Projet nomades » de Rome, mis en place en vertu d’un état d’urgence déclaré par le gouvernement italien en 2008.

Au vu des pouvoirs qui leur ont été accordés dans ce contexte, les autorités ont pu ignorer des lois de protection essentielles, notamment dans les domaines de l’environnement et de l’urbanisme.

L’« Urgence nomades » leur a permis d’adopter des mesures discriminatoires à l’encontre des Roms en toute impunité. En novembre 2011, le Conseil d’État, plus haute juridiction administrative en Italie, a finalement conclu que ce dispositif était illégal.

Certaines familles ont accepté d’aller à La Barbuta, mais beaucoup sont contre cette idée. Amnesty International s’oppose à tout déplacement forcé de familles vivant à Tor de’ Cenci et n’ayant pas expressément accepté d’être relogées ailleurs.

La plupart des résidents affirment souhaiter vivre dans des logements sociaux ou rester à Tor de’ Cenci si ce site est rénové. Invoquant un manque de ressources financières, les autorités n’ont examiné aucune de ces options. Pourtant, près de 10 millions d’euros auraient servi à la construction de La Barbuta.

Ce site se trouve dans une zone isolée près de l’aéroport Ciampino, entourée de clôtures et de caméras. La municipalité prévoit d’utiliser ce site uniquement pour loger des familles roms, procédant ainsi à une séparation ethnique, ce qui est interdit par le droit international et contraire aux engagements récemment pris par l’Italie devant la Commission européenne.
« Les autorités doivent améliorer les conditions de logement à Tor de’ Cenci.
Elles doivent s’assurer que le site de La Barbuta soit conforme aux normes nationales et internationales, et ne soit pas destiné à abriter des personnes de même origine ethnique »
, a déclaré Jezerca Tigani.

« Elles doivent également garantir que les habitants d’un site susceptibles d’être déplacés soient véritablement consultés à ce sujet. Les solutions de logement proposées ne devraient pas se limiter à des sites temporaires. »

« Amnesty International demande aux autorités italiennes d’abandonner le dispositif "Urgences nomades", de verser des réparations pour les atteintes aux droits humains que ce dispositif a engendrées, et de prendre des mesures pour garantir un logement adéquat à tous les Roms. »

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