L’OTAN doit mener une enquête sur les pertes civiles induites par les frappes aériennes en Libye

L’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) doit prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter que les opérations militaires ne fassent de victimes parmi les civils, a déclaré Amnesty International mercredi 10 août, alors que des responsables libyens fidèles au colonel Mouammar Kadhafi affirment que 85 personnes ont été tuées lors d’une frappe aérienne dans la nuit du 8 août.

Amnesty International invite l’OTAN à mener une enquête approfondie sur les allégations selon lesquelles des civils non armés ont trouvé la mort lors de la frappe aérienne lancée dans le secteur de Majar, au sud de la ville de Zlitan.

Les journalistes indépendants qui ont été conduits sur les lieux ont déclaré qu’on leur avait présenté environ 30 sacs mortuaires et montré les dépouilles de deux femmes et deux enfants.

Mardi 9 août, le porte-parole militaire de l’OTAN, le colonel Roland Lavoie, a indiqué que la frappe avait pour « cible légitime » plusieurs fermes prises par les forces de Mouammar Kadhafi et ajouté qu’il n’avait « aucune preuve de pertes civiles ».

« L’OTAN doit prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter qu’il n’y ait des victimes parmi la population civile, même lorsque les forces du colonel Mouammar Kadhafi se servent de bâtiments civils à des fins militaires, a expliqué Hassiba Hadj Sahraoui d’Amnesty International.

« L’OTAN continue de mettre en avant sa détermination à protéger les civils. C’est pourquoi il doit mener une enquête approfondie sur ces faits et d’autres événements récents au cours desquels des civils auraient été tués dans l’ouest de la Libye lors de frappes aériennes. »

Le 2 août, Amnesty International a écrit au secrétaire général de l’OTAN Anders Fogh Rasmussen pour solliciter des éclaircissements sur les événements de juin dans lesquels des civils non armés auraient été blessés et tués à Surman et Tripoli.

Le 19 juin, plusieurs civils, dont deux enfants et une femme, auraient péri lorsqu’un projectile a touché leur maison à Tripoli.

Un porte-parole de l’OTAN a plus tard déclaré que lors de frappes aériennes ciblant un site militaire de missiles, il s’est avéré « qu’une arme n’a pas frappé la cible prévue et qu’il peut y avoir eu une erreur dans le système d’armement qui peut avoir fait un certain nombre de victimes civiles ».

Le 20 juin, les frappes de l’OTAN à Surman contre ce qui semblait être des maisons de civils dans un complexe appartenant à l’un des associés de Mouammar Kadhafi, Khweildy al Hamedi, auraient fait plusieurs victimes civiles, dont une femme et ses deux enfants.

Selon l’OTAN, le complexe constituait une cible militaire légitime et des précautions ont été prises avant de procéder aux tirs en vue de limiter tout risque éventuel de causer des victimes inutiles.

Depuis le mois de mars, Amnesty International a à plusieurs reprises demandé l’autorisation de se rendre dans les territoires contrôlés par les forces de Mouammar Kadhafi afin d’enquêter sur des allégations d’atteintes aux droits humains et de violations du droit international humanitaire. Elle souhaitait notamment se rendre dans les sites touchés par les bombardements de l’OTAN où des victimes civiles ont été signalées. Elle attend toujours une réponse.

Le 17 mars, alors que les combats s’intensifiaient dans l’est de la Libye et à Misratah, le Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé la création d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye et la mise en œuvre de toutes les mesures nécessaires, à l’exclusion du déploiement d’une force d’occupation étrangère, en vue de protéger les populations civiles.

L’alliance internationale a lancé ses premières attaques militaires contre les forces de Mouammar Kadhafi le 19 mars. L’OTAN a repris la direction de l’opération militaire fin mars.

Cherchant à regagner des territoires contrôlés par l’opposition, les forces pro-Kadhafi ont lancé des attaques menées sans discrimination et des attaques ciblant des civils.

De telles opérations sont particulièrement fréquentes à Misratah. Les habitants ont été sous le feu de tirs de roquettes incessants et aveugles, depuis le mois de mars jusqu’à la mi-mai, et subi des attaques sporadiques durant l’été.

Le 31 juillet, trois civils non armés ont été tués et un autre blessé par des roquettes qui ont atterri dans le quartier résidentiel de Magasaba.

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