L’UE doit faire pression sur l’Ukraine lors du sommet en vue de mettre fin aux violences policières

L’Union européenne (UE) doit aborder avec fermeté les violences endémiques imputables aux forces de police ukrainiennes lors du sommet UE-Ukraine le 19 décembre, a déclaré Amnesty International vendredi 16 décembre.

Le sommet qui doit se tenir lundi 19 décembre à Kiev est source de tensions diplomatiques, alors que l’UE continue de critiquer les poursuites à caractère politique engagées contre l’ancienne Première ministre Ioulia Timochenko.

« L’UE doit maintenir les droits humains à l’ordre du jour et faire pression sur l’Ukraine pour mettre un terme à la délinquance policière endémique, a indiqué Heather McGill, chercheuse sur l’Ukraine à Amnesty International.

« La police ukrainienne continue de torturer et d’extorquer de l’argent à ses victimes, et ce en toute impunité. Il n’est pas rare que les victimes découvrent qu’elles sont poursuivies à titre de représailles parce qu’elles ont porté plainte pour torture. »

Dans un récent rapport, Amnesty International a mis en lumière les agissements répréhensibles généralisés dont se rendent responsables les forces de police ukrainiennes, ainsi que leur fréquent recours à la torture, aux coups et aux preuves forgées de toutes pièces, dans le but de gonfler les statistiques relatives au taux de résolution des crimes.

Ce document, intitulé No evidence of a crime : Paying the price for police impunity in Ukraine , a dévoilé que les policiers étaient rarement sanctionnés pour leurs crimes ; en effet, le système en place prévoit que des collègues du bureau du procureur local mènent l’enquête. Les services du médiateur chargé des droits humains ont indiqué avoir reçu 5 000 plaintes faisant état d’actes de torture et d’autres mauvais traitements en 2010 ; seuls 10 policiers ont fait l’objet de poursuites.

Un cas récent concerne l’avocat Dimitri Karpenko, qui doit être jugé le 29 décembre pour rébellion lors de son arrestation et agression contre des policiers, après avoir été arrêté et frappé par les policiers le 17 août dans la ville de Cherkasy. Il est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à six ans d’emprisonnement.

Les policiers l’ont arrêté alors qu’il tentait de voir son client et l’ont passé à tabac dans un couloir du poste de police pendant près de deux heures. Il a passé plus d’une semaine à l’hôpital, souffrant d’une commotion, de problèmes rénaux et de graves contusions.

Lorsque Dimitri Karpenko s’est plaint du traitement qui lui avait été réservé, le bureau du procureur local l’a inculpé d’avoir agressé les policiers qui l’avaient roué de coups. La Cour d’appel de Cherkasy a abandonné les charges après avoir visionné des enregistrements de vidéosurveillance montrant les policiers s’emparer agressivement de Dimitri Karpenko, le jeter violemment par terre et le traîner dans un véhicule de police.

Toutefois, le dossier impliquant l’avocat pour agression a été rouvert le 28 novembre, en violation du droit ukrainien, par le bureau du procureur de Kirovograd, ville située à 100 kilomètres de Cherkasy.

« Les autorités ukrainiennes doivent mettre fin aux violences commises contre les citoyens par les personnes même dont le devoir est de les protéger. Le meilleur moyen d’y parvenir serait de mettre sur pied un organisme indépendant chargé d’enquêter sur les crimes commis par les policiers », a conclu Heather McGill.

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