La Force de maintien de la paix de l’ONU en Côte d’Ivoire doit protéger les civils pris dans les combats

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Index AI : PRE01/165/2011

29 mars 2011

La Force de maintien de la paix des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) doit, de toute urgence, protéger les milliers de personnes déplacées qui ont fui les terribles combats dans l’ouest du pays et ont trouvé refuge dans une Mission catholique, a déclaré Amnesty International mardi 29 mars.

Au moins 10 000 civils se sont réfugiés dans la Mission catholique de la ville de Duékoué, après avoir fui les violents combats d’hier qui ont opposé les forces soutenant le président internationalement reconnu, Alassane Ouattara, et des miliciens loyaux au président sortant Laurent Gbagbo.

« Le mandat de l’ONUCI requiert des forces de maintien de la paix qu’elles protègent les civils en cas de menace imminente de violence physique. Ils doivent agir immédiatement afin d’éviter de nouvelles effusions de sang », a déclaré Véronique Aubert, directrice adjointe du programme Afrique d’Amnesty International.

« Le camp de l’ONUCI se trouve à seulement 3 km environ de Duékoué et nous appelons les forces de maintien de la paix à utiliser tous les moyens nécessaires pour protéger les civils contre les violences qui ont lieu sous leurs yeux ».

La situation dans l’ouest de la Côte d’Ivoire est instable depuis l’élection présidentielle controversée de novembre 2010. Toutes les parties au conflit ont commis de graves violations et atteintes aux droits humains, notamment des exécutions illégales ainsi que des viols et des violences sexuelles à l’encontre des femmes.

Des témoins ont indiqué à la délégation d’Amnesty International qui se trouve actuellement en Côte d’Ivoire qu’hier, les forces loyales à Alassane Ouattara ont pris partiellement ou totalement le contrôle de Duékoué et de Daloa, deux villes situées dans l’ouest du pays, au cœur de la région productrice de cacao.

Des sources ont indiqué que l’électricité a été coupée à Duékoué, apparemment suite aux combats, ce qui prive également les habitants de cette ville d’un accès à l’eau.

Amnesty International craint que les dizaines de milliers d’habitants de Duékoué et notamment les personnes déplacées risquent d’être victimes de violences similaires à celles qui ont été commises dans cette ville en janvier dernier. Quelque 40 personnes avaient alors été tuées lors de violents affrontements intercommunautaires et un certain nombre de femmes avaient été victimes de viols et de violences sexuelles.

« Le Conseil de Sécurité de l’ONU doit clairement indiquer aux forces de maintien de la paix de l’ONUCI qu’elles doivent, conformément à leur mandat, agir immédiatement et de manière efficace afin de protéger les personnes déplacées et les autres civils menacés dans cette région », a précisé Véronique Aubert.

Les forces de maintien de la paix de l’ONU ont été fréquemment empêchées de protéger les civils depuis que le conflit s’est aggravé en décembre 2010 suite à l’élection présidentielle contestée de novembre 2010.

Le candidat de l’opposition, Alassane Ouattara a été internationalement reconnu vainqueur de l’élection mais le président sortant, Laurent Gbagbo, a refusé de reconnaître ces résultats.

« Toutes les parties au conflit doivent strictement respecter les règles du droit international humanitaire (DIH). Elles doivent veiller à ce que leurs forces ne ciblent jamais directement des civils et elles ne doivent pas procéder à des attaques qui sont menées sans discrimination ou de façon disproportionnée. Les commandants doivent s’assurer que leurs forces prennent les précautions nécessaires afin de protéger les civils et ils doivent clairement indiquer qu’aucune violation du DIH ne sera tolérée », a conclu Véronique Aubert.

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