Communiqué de presse

La Malaisie libère des militants incarcérés en vertu de la législation d’urgence

Amnesty International se réjouit de la libération de six militants politiques, mais demande aux autorités malaisiennes de relâcher des milliers d’autres personnes incarcérées au titre de lois relatives à la détention provisoire.

Le député socialiste Jeyakumar Devaraj et cinq autres membres du bureau de ce parti ont été maintenus en détention pendant plus d’un mois aux termes de l’Ordonnance d’urgence (ordre public et prévention des crimes), qui permet un maintien en détention illimitée sans inculpation ni jugement.

Ces six personnes se rendaient à un rassemblement en relation avec une manifestation largement médiatisée sur la réforme électorale en Malaisie lorsque la police les a arrêtées.

Ces militants, connus collectivement comme les E06, ont quitté le poste de police de Jinjang vendredi 29 juillet après que des organisations non gouvernementales locales et des groupes internationaux solidaires eurent protesté quotidiennement contre leur détention arbitraire.

« Si la libération de ces six militants est une nouvelle encourageante, la Malaisie doit cependant immédiatement relâcher les milliers de personnes détenues arbitrairement en vertu de cette loi, dont le caractère inique est flagrant », a déclaré Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

« Les détentions provisoires ou arbitraires portent atteinte au droit à un procès équitable. La Malaisie doit respecter ce droit au lieu de se doter d’une quantité de lois qui sanctionnent les personnes avant même qu’elles ne soient déclarées coupables par une instance judiciaire, a ajouté Sam Zarifi. Rien ne justifie que les autorités malaisiennes continuent à recourir à ces lois relatives à la détention provisoire, qui posent problème. »

Quelque 2 000 personnes sont actuellement détenues sans avoir été jugées en Malaisie en vertu de l’Ordonnance d’urgence, qui est en vigueur depuis l’état d’urgence décrété en 1969. Ce texte a été invoqué à maintes reprises contre des suspects considérés comme difficiles à traduire en justice dans le respect de la légalité.

Le 9 juillet, la police a arrêté 1 667 manifestants lors de Bersih 2.0, un rassemblement pacifique à Kuala-Lumpur en faveur de la réforme électorale. Tous ont été relâchés sans inculpation plus tard cette nuit-là.

Environ 40 personnes appréhendées avant le rassemblement risquent toujours de faire l’objet de poursuites. En vertu de la Loi relative aux sociétés, la plupart ont été inculpées de détention de biens illégaux, notamment des t-shirts Bersih. Si elles sont jugées et reconnues coupables, elles risquent jusqu’à cinq ans d’emprisonnement.

« Au lieu de répondre concrètement aux propositions de Bersih en faveur d’une réforme électorale, le gouvernement malaisien place en détention arbitraire des militants politiques et des sympathisants de Bersih, bafouant ainsi leurs droits fondamentaux à la liberté d’association, d’expression et de réunion pacifique. Cela doit cesser », a conclu Sam Zarifi.

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