Communiqué de presse

La peine de mort en 2013 : des pays isolés sont responsables de la hausse des exécutions en Afrique

Le niveau inquiétant du recours à la peine de mort dans un petit groupe de pays s’est traduit par une augmentation de plus de 50 % du nombre d’exécutions en Afrique en 2013 par rapport à l’année précédente, conclut Amnesty International dans son rapport annuel sur la peine de mort (voir document ci-dessous).

« La vaste majorité des États d’Afrique a cessé de recourir à la peine capitale, tandis qu’un petit groupe isolé d’États continue de procéder à des exécutions, a déclaré Netsanet Belay, directeur du programme Afrique d’Amnesty International.

« L’augmentation choquante des exécutions ne concerne qu’un tout petit nombre de pays, constat d’autant plus décevant que des réels progrès vers l’abolition ont été observés ailleurs dans la région ces dernières années. »

Trois pays – le Nigeria, le Soudan et la Somalie – ont totalisé plus de 90 % des 64 exécutions signalées en Afrique en 2013. Ils étaient également responsables des deux-tiers de l’ensemble des condamnations à mort prononcées dans la région, avec des hausses spectaculaires au Nigeria et en Somalie.

La Somalie, tout particulièrement, a présenté une forte hausse du recours à la peine de mort, le nombre d’exécutions recensées passant de six en 2012 à 34 en 2013. Plus de la moitié des condamnations à mort ont été appliquées dans la région semi-autonome du Puntland, et concernaient bien souvent des membres présumés du groupe al Shabab.

Le Nigeria a repris les exécutions pour la première fois depuis sept ans, envoyant quatre hommes au gibet en juin. Dans des déclarations très inquiétantes, le président Goodluck Jonathan avait donné le feu vert à la reprise des exécutions, mettant en péril plus de 1 000 condamnés à mort.

Début 2014, le tribunal régional de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a ordonné au gouvernement nigérian de ne plus procéder à des exécutions ; au mois de mars, le ministre nigérian de la Justice a confirmé que le gouvernement allait se conformer à cette décision.

Toutefois, on a constaté une évolution positive en Afrique en 2013, et on observe une tendance nette et durable en faveur de l’abolition de la peine de mort dans la région. Plus des deux-tiers des 54 États membres de l’Union africaine (UA), à savoir 37 pays, ont aboli la peine capitale en droit ou en pratique.

En 2013, tout comme en 2012, seuls cinq pays de la région ont appliqué des condamnations à mort – environ un sur 10.

Au cours de l’année, de nombreux États africains ont pris des mesures modestes mais significatives en faveur de l’abolition. Les nouvelles constitutions élaborées au Ghana et en Sierra Leone offrent l’occasion de supprimer la peine de mort, tandis que le Bénin et les Comores envisagent d’abolir ce châtiment pour tous les crimes dans leur nouveau code pénal.

« Il est vraiment dommage qu’une poignée de pays tirent la région vers le bas. La plupart des États africains ont aboli la peine de mort en droit ou en pratique, ou sont en train de le faire, a déclaré Netsanet Belay.

« L’évolution positive dans plusieurs pays d’Afrique a inspiré le mouvement abolitionniste mondial ces dernières années. Les gouvernements ne doivent pas briser ces espoirs : l’augmentation du nombre d’exécutions en 2013 ne doit pas se répéter en 2014. »

Complément d’information

Amnesty International a publié le 27 mars son rapport annuel sur la peine de mort dans le monde intitulé Condamnations à mort et exécutions en 2013 (voir document ci-dessous).

D’après ce rapport, la très forte hausse du nombre d’exécutions dans le monde en 2013 s’explique notamment par le fréquent recours à la peine de mort en Iran et en Irak, ce qui va à l’encontre de la tendance mondiale pour l’abolition.

Si l’on exclut la Chine, où les chiffres relatifs à la peine de mort sont secret d’État, 778 exécutions ont été recensées en 2013 (682 en 2012). Derrière la Chine, l’Iran (369 exécutions) et l’Irak (169) sont les États qui exécutent le plus, suivis par l’Arabie saoudite (79) et les États-Unis (39).

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