La Serbie doit mettre un terme aux expulsions de Roms

La situation d’une famille rom expulsée de force de son domicile à Belgrade et jetée à la rue cette semaine illustre une fois encore la nécessité pour le gouvernement serbe de mettre fin aux expulsions forcées et d’adopter une loi les interdisant, a déclaré Amnesty International vendredi 25 novembre.

«  À Belgrade, des familles roms sont expulsées de chez elles à un rythme de plus en plus effréné, a déclaré Nicola Duckworth, directrice du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« Quatre expulsions ont déjà eu lieu à Belgrade depuis octobre, tandis que deux autres sont annoncées pour la semaine prochaine. »

La famille Ramadani, qui compte deux enfants de moins de trois ans et une femme de 80 ans, a été expulsée de son appartement le 23 novembre. Toutes leurs affaires personnelles ont été laissées dans la rue. La famille avait fui le Kosovo après la guerre de 1999. La municipalité de Novi Beograd, qui a ordonné l’expulsion, ne leur a pas proposé de solution de relogement, ni aucune autre aide.

Au moins 110 autres roms vivant dans un quartier informel de Novi Beograd risquent eux aussi d’être expulsés avant la fin du mois de décembre. Leurs maisons doivent être rasées par les bulldozers afin de laisser place à un nouveau projet immobilier, qui doit être réalisé par une entreprise publique. Ce projet a été approuvé il y a trois mois par le gouvernement.

« Les autorités ont proposé aux 110 Roms qui sont sur le point d’être expulsés de la rue Dr Ivana Ribara, à Novi Beograd, de les reloger dans des quartiers de conteneurs, dans des maisons à l’abandon ou dans des centres collectifs pour réfugiés, ce qui est bien loin d’être conforme aux normes internationales. »

Les autorités en Serbie ont organisé des réunions cette semaine avec des représentants des Roms menacés d’expulsion. Cependant, Amnesty International craint que ces rencontres n’aient pas constitué de véritables consultations et n’aient pas été menées conformément aux lignes directrices de l’ONU. Elle invite les autorités à consulter véritablement les personnes menacées d’expulsion forcée et à proposer à toutes ces personnes des solutions de relogement.

Plus de la moitié d’entre elles sont des enfants. Parmi les familles concernées, on en compte 20 qui se sont réfugiées à Belgrade après avoir fui le Kosovo au lendemain de la guerre de 1999. Un grand nombre de leurs enfants sont nés en Serbie. Si l’expulsion se déroule comme prévu, on incitera sans doute ces familles à retourner au Kosovo, où les Roms subissent différentes formes de discrimination constituant une forme de persécution du fait de leur accumulation, à s’installer dans des maisons abandonnées dans des villages du nord de la Serbie ou dans un centre collectif pour réfugiés, où le logement n’est pas adéquat.

« Si ces expulsions ont lieu comme prévu, ces Roms pourraient être contraints d’accepter des logements inadéquats, à une saison où les températures sont glaciales, a estimé Nicola Duckworth.

« Ils ont besoin de savoir qu’ils seront correctement relogés dans un secteur proche des écoles de leurs enfants, où ils seront encore en mesure de gagner leur vie. Aux termes des normes internationales, les autorités serbes sont tenues de garantir ces droits. »

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