La situation des droits humains continue de se dégrader

Un an après le début de la crise au Burundi, la situation des droits humains continue de se dégrader et l’obligation de rendre des comptes pour les actes de violence commis n’est pas à l’ordre du jour, a déclaré Amnesty International mardi 26 avril 2016. La décision de la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) d’ouvrir un examen préliminaire souligne la gravité de la situation.

Le Burundi traverse une crise politique depuis que le président Pierre Nkurunziza a décidé de briguer un troisième mandat en avril dernier, ce que beaucoup considèrent comme contraire à la Constitution. Depuis, des centaines de personnes ont été tuées et des centaines de milliers ont fui à l’étranger.

« Les Burundais paient un lourd tribut alors que la crise politique s’aggrave depuis 12 mois : les homicides, la torture, les arrestations arbitraires et les disparitions forcées se multiplient, atteignant des niveaux alarmants, a déclaré Muthoni Wanyeki, directrice régionale du Bureau Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et Grands lacs à Amnesty International.

« Le mépris injustifié envers les droits humains que nous constatons depuis un an au Burundi est très inquiétant. Ces violations doivent faire l’objet d’une enquête impartiale et les responsables présumés, y compris ceux qui représentent des institutions de l’État, doivent être tenus de rendre des comptes dans le cadre de procès équitables. »

Le 26 avril 2015, des manifestations de grande ampleur ont éclaté dans la capitale, Bujumbura, et ont duré plusieurs semaines, gagnant d’autres provinces. Les autorités ont réagi avec brutalité, la police ayant recours à une force excessive et parfois meurtrière contre les manifestants. En 2015, le gouvernement a continué de réprimer les manifestants, les opposants politiques, les journalistes et les défenseurs des droits humains notamment, considérés comme des détracteurs du parti au pouvoir.

Selon l’ONU, au moins 474 personnes ont été tuées et plus de 250 000 ont fui le pays, la plupart vers des camps de réfugiés en Tanzanie et au Rwanda voisins.

Les pires violences se sont déroulées le 11 décembre 2015 : à la suite d’attaques coordonnées contre trois sites militaires par des hommes armés non identifiés, les forces de sécurité ont procédé à des opérations de ratissage dans les quartiers de Bujumbura considérés comme acquis à l’opposition, tuant des dizaines de personnes, avant d’en enterrer certaines dans des fosses communes.

Alors que la crise politique se poursuit, de nombreuses organisations de défense des droits humains ont été fermées ou ont vu leurs comptes bancaires gelés. Tous les médias libres ont été réduits à néant, après que la police a détruit quatre stations de radio privées indépendantes lors d’une tentative de coup d’État en mai 2015.

Les journalistes et les défenseurs des droit humains sont la cible de mesures de harcèlement et d’intimidation, et beaucoup ont dû fuir, craignant pour leur vie.

Complément d’information

Depuis le début de la crise il y a un an, Amnesty International a constaté une multiplication des graves violations des droits fondamentaux dans le pays – cas de torture et de mauvais traitements ciblant des opposants présumés du gouvernement, recours à une force excessive, voire meurtrière, contre les manifestants, homicides extrajudiciaires, arrestations et détentions arbitraires, et disparitions forcées notamment.

Évolution alarmante, le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies a annoncé le 18 avril 2016 qu’il avait recensé 345 nouveaux cas de torture et mauvais traitements depuis le début de l’année.

Pierre Claver Mbonimpa, défenseur des droits humains bien connu, qui vit désormais en exil, a frôlé la mort lorsqu’il a été blessé par balle à Bujumbura en août 2015. Son gendre, Pascal Nshimirimana, a été abattu chez lui en octobre. En novembre, son fils Welly Nzitonda a été retrouvé mort alors que la police l’avait arrêté peu avant dans la capitale.

Dimanche 24 avril, l’ancien président tanzanien Benjamin Mkapa, récemment nommé pour faciliter le dialogue sous les auspices de la Communauté de l’Afrique de l’Est, a annoncé que les pourparlers visant à résoudre la crise, actuellement au point mort, reprendraient du 2 au 6 mai à Arusha.

La procureure de la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé le 25 avril l’ouverture d’un examen préliminaire sur les événements au Burundi. Lors de son enquête, la CPI évaluera s’il existe suffisamment d’éléments pour diligenter une enquête exhaustive.

Avec l’apparition de nouveaux groupes armés d’opposition et au regard des récents homicides ciblés, visant notamment de hauts responsables de la sécurité, la situation dans le pays demeure fragile.

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