Communiqué de presse

La Tunisie doit annuler les condamnations des journalistes

Les autorités tunisiennes se doivent d’annuler les déclarations de culpabilité des journalistes Sofiene Chourabi et Mehdi Jlassi, condamnés à des peines d’amende pour ivresse sur la voie publique et atteinte à la pudeur. Amnesty International est préoccupée à l’idée qu’ils pourraient avoir été punis en raison de leurs critiques du gouvernement.

Sofiene Chourabi, Mehdi Jlassi et une amie ont été arrêtés le 5 août pour avoir consommé de l’alcool sur une plage de Kelibia, dans le nord-est du pays, où ils avaient campé. Sofiene Chourabi s’était rendu populaire pour avoir critiqué la politique menée par l’ancien président Zine el Abidine Ben Ali avant la révolte qui l’a chassé du pouvoir en 2011.

Ce mardi 30 octobre, un tribunal tunisien a déclaré les deux hommes coupables et les a condamnés au versement d’une amende de 104 dinars tunisiens (66 dollars des États-Unis) chacun.

« Les restrictions des libertés individuelles au nom de l’ordre public ne doivent intervenir que si elles sont nécessaires ; elles doivent être proportionnelles et ne jamais servir de prétexte pour poursuivre en justice des militants politiques ou des personnes qui critiquent le gouvernement », a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

«  Ces condamnations doivent être annulées et les autorités tunisiennes doivent s’abstenir de poursuivre des personnes qui exercent librement leurs droits fondamentaux, dont leur droit à la liberté d’expression. »

« Il est décevant de constater qu’à un moment où la Tunisie devrait fournir la preuve de son engagement envers les droits humains, ces condamnations donnent à l’opinion une image complètement opposée et rappellent les pratiques utilisées sous Ben Ali. »

Les autorités tunisiennes ont le devoir de protéger l’ordre public. Elles ne doivent pas restreindre sans raison les droits à la liberté d’expression et de réunion, ni le droit au respect de la vie privée.

Après le prononcé de la peine, Sofiene Chourabi a dit à Amnesty International qu’il avait l’intention de faire appel.

« Je n’ai rien fait de mal, c’est là une ingérence dans ma vie privée, a-t-il déclaré.

« Je n’ai dérangé personne. Nous dormions lorsque la police nous a arrêtés, et nos tentes étaient dans un endroit isolé, personne ne s’est plaint de nous.  »

La veille de son arrestation, Sofiene Chourabi avait appelé à manifester devant le ministère de l’Intérieur contre ce qu’il décrit comme des manœuvres du parti au pouvoir Ennahda – connu pour son programme de conservatisme religieux –, visant à imposer un nombre croissant de restrictions aux libertés publiques.

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit