Les autorités sri-lankaises doivent agir immédiatement pour mettre fin aux attaques visant des musulmans dans le pays et pour contenir les groupes violents qui ciblent des minorités religieuses, et prendre des mesures contre les auteurs présumés de ces agissements, a déclaré Amnesty International.
Depuis le 16 avril, des défenseurs des droits humains présents au Sri Lanka ont recensé au moins 18 cas présumés de violence et d’intimidation contre des musulmans, notamment des attaques au cocktail Molotov et des émeutes visant des mosquées, des entreprises et des habitations qui ont provoqué de graves dégâts matériels. Selon ces militants, la police n’a ni empêché ces attaques, ni arrêté leurs auteurs présumés. Le 23 mai, le président Sirisena a ordonné au ministère de la Loi et de l’Ordre de prendre des mesures. Amnesty International prie instamment les autorités de s’y atteler.
Des moines membres de Bodu Bala Sena (BBS), un mouvement bouddhiste extrémiste, auraient également tenté de s’accaparer des terres dans l’est du Sri Lanka, et les médias ont signalé une série de discours provocateurs aux accents religieux prononcés par le chef de BBS, Gnanasara Thero.
Le 8 mai, ce dernier a affirmé lors d’une conférence de presse que des réfugiés musulmans rohingyas fuyant les persécutions au Myanmar essayaient d’envahir le Sri Lanka. Le 21 mai, des assaillants ont jeté des cocktails Molotov contre la mosquée Mallawapitiya de Kurunegala après qu’un défilé de BBS a été interrompu par la police. Les dirigeants de ce mouvement ont accusé les musulmans d’avoir bloqué son cortège et auraient incité la foule rassemblée à les attaquer. Il s’agit de la quatrième attaque visant une mosquée depuis mi-avril.
En juin 2014, des violences anti-musulmans dans la ville d’Aluthgama après un discours du chef de BBS avaient coûté la vie à quatre personnes et provoqué d’importants dégâts matériels. La résurgence de la violence contre les musulmans au Sri Lanka est alarmante. Comme nous l’avons vu auparavant dans le pays, il existe un risque réel qu’elle ne s’étende si le gouvernement n’intervient pas pour la faire cesser immédiatement. Les responsables présumés des violences doivent être amenés à rendre des comptes et les populations musulmanes menacées doivent bénéficier de la protection dont elles ont besoin.