« Les autorités laotiennes doivent ouvrir dans les meilleurs délais une enquête approfondie, indépendante et impartiale sur les tirs ayant visé un jeune militant ayant osé s’exprimer sur des questions relatives aux droits humains dans le pays. Aucun défenseur des droits humains ne devrait être violemment pris pour cible pour son travail »
a déclaré Joe Freeman, directeur régional adjoint par intérim chargé de la communication à Amnesty International.
Jack a critiqué ouvertement la société et le gouvernement laotiens. Il s’occupait de deux groupes sur Facebook, Driven by the Keyboard et Sor Tor Lor – the Republic. Ces deux comptes proposaient des publications sur un vaste ensemble de questions sociales, environnementales, économiques et politiques au Laos, telles que les nuages de pollution, les droits fondamentaux des mineur·e·s scolarisés et les droits des lesbiennes, gays et personnes bisexuelles, transgenres et intersexes.
Des vidéos de cette agression armée ont été mises en ligne par Laophattana Daily News, média affilié à l’État, et largement partagées par des utilisateurs des réseaux sociaux sur Facebook et Twitter. Au 2 mai, les autorités laotiennes n’avaient toujours pas identifié l’auteur présumé malgré les éléments vidéo disponibles.
Le Laos est partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui garantit le droit à la liberté de réunion pacifique (article 6) et le droit de participer aux affaires publiques (article 19). Le gouvernement contrôle cependant la quasi-totalité des médias et sévit de longue date contre les défenseur·e·s des droits humains.
« La communauté internationale et les organes des Nations unies doivent exiger que les autorités laotiennes garantissent la pleine protection des défenseur·e·s des droits humains »
a déclaré Joe Freeman.
Complément d’information
Jack est un défenseur des droits humains de premier plan au Laos. La page Driven by the Keyboard, sur Facebook, est suivie par plus de 41 000 personnes, tandis que Sor Tor Lor – the Republic compte plus de 6 800 membres.
Le militantisme indépendant et la défense des droits humains sont des activités à haut risque au Laos, et certains cas d’attaques contre des défenseur·e·s des droits humains n’ont toujours pas été élucidés, des années plus tard. Le 15 décembre 2012, Sombath Somphone, figure majeure de la société civile, a été intercepté par la police à Vientiane puis emmené dans un camion par des inconnus. On est sans nouvelles de lui depuis lors.
Amnesty International a par ailleurs fait état de l’arrestation de trois militant·e·s laotiens en faveur des droits humains - Soukan Chaithad, Lodkham Thammavong et Somphone Phimmasone - en mars 2016, après qu’ils ont participé à une manifestation pacifique devant l’ambassade du Laos à Bangkok en décembre 2015.
Ils avaient aussi critiqué le gouvernement laotien sur Facebook concernant son bilan en matière de corruption, de déforestation et de violations des droits humains. Ces trois personnes ont été condamnées à des peines allant de 12 à 20 ans de prison à l’issue d’un procès secret en avril 2017. Après le jugement, Amnesty International a demandé la libération immédiate et sans condition de ces militant·e·s.
Le 29 août 2019, Od Sayavong, ancien membre du groupe « Free Lao », qui travaille sur les droits humains, la corruption et les question environnementales au Laos, a disparu à Bangkok. Il vivait en exil en Thaïlande et avait rencontré Philip Alston, alors rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme et l’extrême pauvreté, le 15 mars 2019, avant la visite de celui-ci au Laos. En septembre 2022, le secrétaire général des Nations unies a indiqué que la disparition d’Od Sayavong constituait un acte de représailles potentiel lié à sa collaboration avec un mécanisme de défense des droits humains des Nations unies.