LAOS : Quinze ans de prison : peine prononcée à l’issue d’un procès de deux heures

Index AI : ASA 26/008/2003

Lundi 30 juin 2003

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Amnesty International s’est déclarée très choquée par les peines de quinze ans d’emprisonnement prononcées ce lundi 30 juin 2003 à l’encontre de deux journalistes et de leur interprète américain ; tous trois avaient été arrêtés le 4 juin alors qu’ils effectuaient un reportage sur le conflit armé interne au Laos. Deux des quatre ressortissants laotiens travaillant avec eux comme assistants auraient également été condamnés à des peines sévères, l’un d’entre eux aurait été condamné à vingt ans d’emprisonnement.

"Il est incroyable que des peines de quinze ans d’emprisonnement aient été prononcées à l’issue d’un procès qui aura duré deux heures", a déclaré l’organisation après avoir pris connaissance du verdict.

Le procès du groupe, comprenant le journaliste belge Thierry Falise, le photographe français Vincent Reynaud et leur interprète américain Naw Karl Mua, s’est tenu de manière inexplicable dans le nord du pays, difficile d’accès, alors que pendant toute leur détention provisoire ils se trouvaient dans la capitale Vientiane. Le procès a duré un peu moins de deux heures ; il n’était ouvert ni au public ni aux journalistes étrangers. Toutefois, les ambassadeurs de France et des États-Unis étaient présents dans la salle d’audience.

Les autorités laotiennes n’ont pas rendu publiques les identités des ressortissants laotiens ni les charges exactes pesant contre eux et contre les trois étrangers. Selon des informations reçues par Amnesty International, il s’agirait de ressortissants laotiens appartenant à la minorité hmong ; Thao Moua, vingt-sept ans et Char Yang auraient accompagné les journalistes en tant que guides, Pa Fue Khang aurait été le chauffeur du groupe. L’identité d’un quatrième ressortissant laotien qui serait également en détention, reste inconnue.

Amnesty International a appelé de façon répétée les autorités laotiennes à jouer la transparence dans ce dossier, alors que des informations contradictoires font état de la mort d’un ressortissant laotien au moment des interpellations.

"Ce procès pour l’exemple ne fait que confirmer nos inquiétudes permanentes concernant la possibilité de procès équitables dans le respect de procédures légales au Laos ; c’est une parodie de justice, a déclaré Amnesty International.

"Les autorités laotiennes doivent rendre publiques les identités des ressortissants laotiens dans ce dossier, les charges pesant contre eux et les peines qui leur ont été infligées ; elles doivent également confirmer que possibilité leur a été donnée d’obtenir un avocat pour assurer leur défense lors du procès, conformément aux normes internationales et laotiennes en matière de justice", a déclaré Amnesty International.

Amnesty International s’est déclarée depuis plusieurs années inquiète des conditions de détention au Laos ; l’organisation craint que les personnes arrêtées ne soient torturées ou soumises à de mauvais traitements, surtout les membres de minorités ethniques, perçus par les autorités comme hostiles au gouvernement.

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