Le G20 face à ses obligations sur la crise des migrants

Sommet du G20. Les pays riches doivent virer de cap s’agissant de leur réponse à la crise des réfugiés.

Les nations les plus riches du globe doivent en finir avec l’inaction et montrer la voie à suivre pour apporter une réponse coordonnée à la crise mondiale des réfugiés, en proposant un plan concret visant à réinstaller les 1,15 million de réfugiés les plus vulnérables et à financer intégralement leurs besoins humanitaires, a déclaré Amnesty International le 13 novembre 2015 à l’approche du sommet du G20 prévu à Antalya, en Turquie.

À ce jour, les États membres du G20 se sont engagés à réinstaller environ 140 000 réfugiés venus de Syrie – ce qui est loin de répondre aux besoins. En 2014, ils ont proposé des places pour la réinstallation d’un dixième seulement des réfugiés qui en ont besoin.

« Les dirigeants du globe restent sur la touche tandis qu’une crise des réfugiés d’une ampleur sans précédent se déroule sous leurs yeux. Dans certains cas, ils contribuent même activement à cette tragédie en empêchant les réfugiés de se mettre en sécurité, a déclaré Audrey Gaughran, directrice du programme des Thématiques mondiales à Amnesty International.

« Alors que certains des pays les plus riches du globe se réunissent à Antalya, ils ne doivent pas gâcher cette occasion d’unir leurs forces afin de trouver des solutions concrètes et de soulager la souffrance de millions de réfugiés vulnérables. Le G20 a la chance de prouver sa valeur en servant de tremplin à une action audacieuse, là où les autres sommets ont échoué. »

Amnesty International demande également aux membres du G20 d’intensifier leur financement de l’aide humanitaire destinée aux millions de réfugiés qui souffrent des coupes sévères et des pénuries d’aide. Au mois de novembre, l’appel de fonds des Nations unies pour venir en aide aux réfugiés syriens n’était financé qu’à hauteur de 50 %.

Le contraste entre les principaux pays d’accueil des réfugiés syriens et la réponse des grandes puissances du G20 est saisissant. Le Liban, dont le produit national brut (PNB) s’élève à 44,5 milliards de dollars, accueille actuellement le plus grand nombre de réfugiés syriens par habitant, tandis que la Russie, dont le PNB s’élève à 1 900 milliards de dollars, n’en accueille aucun dans le cadre de la réinstallation.

« Jusqu’à présent, les projecteurs ont été braqués sur l’échec de l’Europe face à la crise ; ce sommet est l’occasion pour les autres nations du G20 de montrer qu’elles sont prêtes à assumer la responsabilité qui incombe aux leaders de la scène internationale.

« Si des États comme l’Allemagne et la Turquie jouent un rôle crucial dans la gestion de cette crise mondiale, et si le Canada s’est récemment engagé à réinstaller 25 000 réfugiés syriens dans les deux prochains mois, d’autres comme la Russie et l’Arabie saoudite ne montrent guère de compassion envers ceux qui fuient les conflits et les persécutions. Il n’est pas trop tard pour changer de cap et préserver une certaine décence morale, a déclaré Audrey Gaughran.

« La crise syrienne est l’illustration de cet échec. Les dirigeants du G20 ne peuvent ignorer qu’ils se réunissent dans un pays qui accueille plus de deux millions de réfugiés – plus que tout autre pays du globe. L’incapacité à leur venir en aide illustre à quel point certaines nations parmi les plus riches du globe ont abdiqué leur responsabilité.

« À quelques centaines de kilomètres des rencontres opulentes placées sous haute sécurité du sommet du G20, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants risquent leur vie chaque jour sur de fragiles embarcations pour atteindre les côtes européennes et se mettre en sécurité. Face à une telle crise, pour ne pas échouer, il faut un plan concret permettant de financer intégralement les besoins humanitaires et des engagements fermes, avec des échéances, en vue de réinstaller les réfugiés de chaque pays. »

Complément d’information

Environ 10 % des réfugiés syriens – quelque 400 000 personnes – sont particulièrement vulnérables et ont besoin d’être réinstallés. À ce jour, des pays du globe ont promis de fournir un quart des places nécessaires. Les promesses qui ont été tenues se situent bien en-deçà.

Ces derniers mois, Amnesty International a rendu compte du manque de détermination de plusieurs gouvernements du G20 à réagir face à la crise des réfugiés, et a récemment publié des éléments accablants selon lesquels des responsables de l’Australie, pays qui a accueilli le G20 en 2014, auraient versé de l’argent à des passeurs pour qu’ils détournent des bateaux transportant des réfugiés loin de ses côtes.

Actuellement, 86 % des réfugiés se trouvent dans des pays en développement. Sur les quatre millions de réfugiés qui ont fui la Syrie, 95 % d’entre eux se trouvent dans cinq pays d’accueil : la Turquie, le Liban, la Jordanie, l’Irak et l’Égypte.

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