Le gouvernement kirghize doit protéger sa population

COMMUNIQUÉ DE PRESSE -
ÉFAI -
12 juin 2010

Amnesty International exhorte le gouvernement intérimaire du Kirghizistan et les autorités locales à prendre les mesures nécessaires pour protéger l’ensemble de la population, et en particulier les personnes d’origine ouzbèke, qui ont été prises pour cible lors des violences qui frappent le sud du pays.

L’organisation a lancé cet appel face à l’escalade de la violence dans la ville d’Och et aux alentours, dans le sud du Kirghizistan.


« Les forces de l’ordre kirghizes ne protègent pas efficacement la population, en particulier la communauté ouzbèke »,
a déclaré Maisy Weicherding, spécialiste de l’Asie centrale à Amnesty International.

« Des mesures immédiates doivent être prises pour empêcher une nouvelle détérioration de la situation. Les forces de sécurité doivent respecter les droits humains dans le cadre de leurs opérations de maintien de l’ordre dans la ville d’Och et aux alentours. »

Les affrontements dans cette zone ont eu de graves répercussions sur la population ouzbèke. Des milliers de personnes, principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées, ont fui la ville par crainte de nouvelles attaques. Entre 2 000 et 6 000 d’entre elles auraient passé la frontière pour aller trouver refuge en Ouzbékistan voisin. Avec la détérioration de la situation, Amnesty International craint que le nombre de personnes déplacées n’augmente encore.

Selon des témoins directs, des groupes de civils armés, essentiellement composés de jeunes hommes se déclarant kirghizes, parcouraient les rues d’Och, prenant pour cible les quartiers peuplés principalement d’Ouzbeks, tirant sur les civils, incendiant les magasins et les habitations et se livrant à des pillages. Les chiffres officiels font état de plus de 60 morts au cours de ces deux derniers jours, mais selon des informations non confirmées fournies à l’agence de presse indépendante Ferghana.ru par des membres du conseil de district d’Och, au moins 500 civils ouzbeks avaient été tués le 12 juin à la mi-journée, et plus de 2 000 blessés, dont beaucoup grièvement.

Des membres des forces de l’ordre locales auraient dit à des journalistes qu’ils étaient dans l’incapacité de contrôler la situation et de protéger la population civile. Dans certains cas, les forces de sécurité auraient été débordées par des hommes armés, qui leur auraient volé leurs véhicules blindés. Des membres du conseil de district ont aussi parlé de tireurs embusqués visant les civils.

Les troubles ont déjà gagné la ville de Djalal-Abad et d’autres villes et villages des alentours, où l’état d’urgence a aussi été décrété.

« Face à l’afflux de milliers de personnes cherchant à se mettre en sécurité, les autorités des pays voisins, en particulier d’Ouzbékistan, doivent laisser leurs frontières ouvertes à tous ceux qui fuient l’escalade de la violence au Kirghizistan, quelle que soit leur origine ethnique, et leur offrir protection jusqu’à ce que la sécurité soit rétablie dans ce pays », a déclaré Maisy Weicherding.

Complément d’information

Les violences meurtrières au Kirghizistan auraient commencé par des affrontements entre bandes rivales de jeunes kirghizes et ouzbeks, le 10 juin 2010. Ces affrontements ont rapidement dégénéré en attaque de grande ampleur contre les quartiers majoritairement ouzbeks d’Och, avec des incendies, des pillages et des agressions violentes, dont des homicides.

Le sud du Kirghizistan accueille une importante communauté ouzbèke et était le fief de l’ancien président Kourmanbek Bakiev, qui a été renversé en avril après une violente confrontation entre les sympathisants du gouvernement et ceux de l’opposition à propos de la corruption et de l’augmentation des prix de l’énergie.

Nommée à la tête du gouvernement intérimaire, Roza Otounbaïeva avait affirmé en avril que son gouvernement – qui doit rester au pouvoir jusqu’aux élections d’octobre – contrôlait totalement le pays et avait dissous le Parlement et nommé de nouveaux ministres.

L’origine des affrontements n’est pas claire, mais le gouvernement intérimaire et d’autres observateurs imputent cette violence aux partisans de l’ancien président Kourmanbek Bakiev et accusent des groupes criminels de vouloir déstabiliser le pays avant le référendum constitutionnel du 27 juin prochain. Les élections législatives sont prévues le 4 octobre 2010.

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