Le Myanmar doit libérer tous les prisonniers d’opinion, dans le sillage d’Aung San Suu Kyi

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

13 novembre 2010

Amnesty International se félicite ce 13 novembre 2010 de la libération de Daw Aung San Suu Kyi, et demande au gouvernement du Myanmar de relâcher immédiatement tous les prisonniers d’opinion incarcérés dans le pays.

Daw Aung San Suu Kyi, la prisonnière d’opinion la plus célèbre du Myanmar, a passé plus de 15 des 21 dernières années en résidence surveillée. Elle comptait parmi plus de 2 200 prisonniers politiques, dont des prisonniers d’opinion, actuellement maintenus en détention dans des conditions déplorables simplement pour avoir exercé leur droit de manifester pacifiquement.

« La libération de Daw Aung San Suu Kyi, dont nous ne pouvons que nous féliciter, marque la fin d’une condamnation inique qui a été prolongée illégalement, mais ne constitue en aucune façon une concession de la part des autorités, a indiqué Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International. Le fait est qu’elle n’aurait jamais dû être arrêtée au départ, à l’instar des nombreux prisonniers d’opinion du Myanmar, tenus à l’écart du processus politique. »

La lauréate du prix Nobel de la Paix était incarcérée depuis le 30 mai 2003, date à laquelle des malfrats à la solde du gouvernement ont attaqué son cortège dans le village de Depayin, faisant un nombre inconnu de morts et de très nombreux blessés. Elle a alors été placée en résidence surveillée pour la troisième fois, après avoir été détenue de 1989 à 1995 et de 2000 à 2002.

« Cette fois-ci, les autorités doivent garantir la sécurité de Daw Aung San Suu Kyi, a affirmé Salil Shetty.

« Il est grand temps que le gouvernement du Myanmar mette fin à l’injustice que représentent les emprisonnements politiques dans le pays, tandis que la communauté internationale – notamment la Chine, l’Inde, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) et les Nations unies – doit prendre des mesures communes visant à empêcher le Myanmar de se servir de son système judiciaire pour sanctionner des opposants pacifiques. La libération de Daw Aung San Suu Kyi ne doit pas leur faire oublier les autres prisonniers d’opinion. »

Plus de 2 200 prisonniers politiques sont toujours incarcérés au Myanmar, au titre de lois imprécises, fréquemment invoquées pour ériger en infraction toute dissidence politique pacifique. Ils sont détenus dans des conditions effroyables, manquant de nourriture et d’installations sanitaires. Beaucoup sont en mauvaise santé et ne reçoivent pas les soins médicaux dont ils ont besoin. Bon nombre ont été torturés au cours de leur premier interrogatoire et au début de leur détention et courent toujours le risque d’être torturés à titre de sanction aux mains des gardiens de prison. Amnesty International estime que l’immense majorité des personnes détenues au Myanmar sont des prisonniers d’opinion qui sont punis pour avoir simplement exercé pacifiquement leurs droits à la liberté d’expression, de réunion et d’association.

Bon nombre des prisonniers encore incarcérés ont participé en 2007 à la « révolution de safran », déclenchée par des manifestations contre la forte hausse des prix du carburant et des produits de base. Au cours des trois dernières années, des centaines de prisonniers politiques ont été transférés dans des prisons extrêmement isolées, ce qui a restreint leurs possibilités d’entrer en contact avec leurs proches, de consulter des avocats et de recevoir des soins médicaux. On signale très fréquemment des actes de torture et d’autres mauvais traitements.

Le Comité international de la Croix Rouge (CICR) n’a pas été autorisé à se rendre dans les prisons du Myanmar depuis décembre 2005.

Complément d’information

Deux semaines seulement avant l’expiration de son ordonnance de placement en détention, en 2009, Daw Aung San Suu Kyi a de nouveau été arrêtée et inculpée d’avoir enfreint les conditions de son placement en résidence surveillée. Le 11 août 2009, à l’issue d’un procès largement décrié par la communauté internationale, elle a été condamnée à une peine de trois ans d’emprisonnement, plus tard commuée en 18 mois d’assignation à résidence.

Sa libération intervient juste six jours après les premières élections générales organisées au Myanmar depuis 20 ans, qui se sont déroulées sur fond de répression politique. La Ligue nationale pour la démocratie (NLD), parti d’Aung San Suu Kyi, a remporté la majorité des sièges lors des élections de 1990, mais la junte militaire, qui contrôle le pays depuis des décennies, l’a empêchée d’accéder au pouvoir.

Amnesty International demande aussi la libération de tous les prisonniers d’opinion, notamment de :

Min Ko Naing, 47 ans, ancien leader étudiant et militant en faveur de la démocratie, qui purge une peine de 65 ans d’emprisonnement pour sa participation aux manifestations de 2007 ;
U Gambira, membre fondateur de l’Union des moines de Birmanie (ABMA), condamné à 63 ans de prison pour sa participation aux manifestations dirigées par les moines en 2007 ;

U Khun Htun Oo, 67 ans, président du Parti de la ligue des nationalités chans pour la démocratie (SNLD), condamné à 93 ans de prison en raison de son désaccord avec les projets du gouvernement pour une nouvelle Constitution. Il souffre de diabète et d’hypertension.

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