Communiqué de presse

Le Pakistan doit protéger la communauté ahmaddiya contre les menaces de violence

Les autorités pakistanaises doivent faire plus d’efforts pour protéger la communauté ahmaddiya, a déclaré Amnesty International vendredi 3 février, alors que des groupes religieux ont menacé les ahmadis de les empêcher d’entrer dans leur lieu de culte à Rawalpindi ce même jour.

Selon certaines informations parues dans les médias, un porte-parole des ahmadis a indiqué jeudi 2 février que des groupes religieux locaux avaient prévenu qu’ils ne permettraient pas à cette communauté de mener des activités religieuses ce vendredi.

Il y a une semaine, quelque 5 000 personnes ont manifesté en faveur de la démolition du bâtiment Ewan e Tauheed, l’un des plus grands lieux de culte ahmadis, dans la ville de Rawalpindi.

« L’attachement des autorités aux droits humains se mesure à la possibilité pour les ahmadis et les autres minorités religieuses du Pakistan de pratiquer librement leur religion. Les autorités doivent veiller à ce que les ahmadis, comme tous les Pakistanais, ne soient pas empêchés d’exercer ce droit, a souligné Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

« La police a protégé l’Ewan e Tauheed pour assurer sa sécurité lors du rassemblement de vendredi dernier. C’est une mesure immédiate importante, mais les autorités pakistanaises doivent fournir bien plus d’efforts pour mettre fin à la campagne généralisée et systématique de diffamation envers les minorités religieuses du pays. ».

En 2010, les autorités ont ignoré les avertissements répétés et n’ont pas empêché les attaques visant deux lieux de culte ahmadis à Lahore, qui ont fait 93 morts.

Des tombes ahmadis ont été abîmées au Pendjab, dont une trentaine profanées en une seule fois en décembre 2011. En janvier dernier, plusieurs tombes auraient également été dégradées à Quetta, dans la province du Baloutchistan.

La manifestation du vendredi 27 janvier, qui a été organisée par des syndicats de commerçants et des groupes religieux parmi lesquels Jamaatud Dawa, Jamaat i Islami et Ahle Sunnat Wal Jamaawas, comptait également dans ses rangs Zia Ullah Shah, membre de l’assemblée provinciale du Pendjab et de la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz qui fait partie du gouvernement de la province.

« En vue des élections générales qui auront probablement lieu au Pakistan cette année, les partis politiques doivent résister à la tentation de chercher des voix faciles en exploitant l’hostilité attisée contre les ahmadis ou d’autres minorités religieuses »
, a ajouté Sam Zarifi.

Les ahmadis sont un groupe religieux qui se réclame de l’islam, bien que nombre de formations musulmanes traditionnelles considèrent leurs croyances comme déviantes.

En 1974, le Parlement pakistanais a adopté une nouvelle loi les déclarant non musulmans et, depuis 1984, il leur est interdit de propager leur foi et de s’identifier comme musulmans.

Plusieurs dizaines d’ahmadis ont été inculpés d’infractions liées à leur religion, notamment d’avoir appelé à la prière, prêché leur foi ou qualifié de « mosquée » leur lieu de culte.

Les attaques prenant pour cibles les minorités religieuses ont été exacerbées par les lois pakistanaises relatives au blasphème, qui alimentent un climat de violence et de persécution à caractère religieux.

Les accusations de blasphème se soldent souvent par le meurtre de musulmans et de membres de minorités religieuses.

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