Le président ukrainien doit honorer ses engagements concernant la réforme de la police à l’approche de l’Euro 2012

Amnesty International invite les autorités ukrainiennes à mettre sur pied sans délai un organe indépendant chargé d’enquêter sur les violences policières, après que le président Viktor Ianoukovitch s’est engagé vendredi 16 décembre à réformer la police à l’approche de l’Euro 2012.

S’adressant à de hauts gradés à la veille de la Journée de la police nationale en Ukraine, célébrée le 20 décembre, le président Viktor Ianoukovitch a appelé à adopter des réformes dans le droit fil des meilleures pratiques européennes et à installer des caméras de vidéosurveillance dans tous les lieux de détention, afin de prévenir les atteintes aux droits humains.

Le président à déclaré que l’État portait l’entière responsabilité du bien-être des personnes placées en garde à vue par la police et ajouté que la pratique courante consistant à refuser d’enquêter sur les plaintes déposées par des citoyens pour violences policières était « inacceptable ».

« Nous saluons vivement les propos du président Viktor Ianoukovitch, tout en soulignant que des enquêtes indépendantes sur les violences policières sont une composante essentielle de la réforme qu’il évoque, afin de reléguer au passé ces atteintes aux droits humains, a indiqué Heather McGill, chercheuse d’Amnesty International sur l’Ukraine.

« Si le président est déterminé à garantir les droits des citoyens ukrainiens et des visiteurs lors du Championnat d’Europe de football 2012, il doit joindre les actes à la parole et mettre son poids politique au service de la création d’une institution indépendante chargée d’enquêter sur les atteintes aux droits humains commises par des policiers. »

Le président Viktor Ianoukovitch a certifié aux policiers que leur plus grand défi était de maintenir l’ordre lors du Championnat d’Europe de football 2012, tout en ajoutant :

« Je soutiendrai toute initiative solide visant à optimiser l’organisation du ministère [de l’Intérieur] et de ses unités territoriales, et toute mesure visant à renforcer la transparence au sein de la police, à motiver ses membres et à améliorer la coopération avec la population. »

Dans un rapport publié récemment sur la délinquance au sein de la police, Amnesty International a mis en lumière le fait que les forces de police ukrainiennes recourent fréquemment à la torture, aux passages à tabac et aux preuves forgées de toutes pièces, dans le but de gonfler les taux de résolution des crimes.

Ce document, intitulé No evidence of a crime : Paying the price for police impunity in Ukraine , a dévoilé que les policiers étaient rarement sanctionnés pour leurs crimes ; en effet, le système en place prévoit que leurs collègues du bureau du procureur local mènent l’enquête.

Les services du médiateur chargé des droits humains ont indiqué avoir reçu 5 000 plaintes faisant état d’actes de torture et d’autres mauvais traitements en 2010. Or, seuls 10 policiers ont fait l’objet de poursuites.

« Les réformes permettant de mener des enquêtes indépendantes sur les violations commises par des policiers n’ont que trop tardé. Elles bénéficieront aux habitants d’Ukraine, ainsi qu’aux visiteurs qui se rendent dans le pays. Enfin, elles redoreront le prestige de la police et l’aideront à remplir son devoir, qui est de défendre les droits de la population », a conclu Heather McGill.

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