Le président yéménite doit rendre des comptes pour des violations des droits humains

27 avril 2011

Il ne faut pas que le président yéménite et ses alliés politiques se voient accorder une immunité de poursuites en échange de la fin de la crise des droits humains qui a gagné le pays, a déclaré Amnesty International mercredi 27 avril.

Après des mois de manifestations contre le président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 33 ans, on s’attend à ce que le chef d’État signe un accord pour un transfert de pouvoir à des dirigeants de l’opposition et à ce qu’il quitte ses fonctions 30 jours plus tard.

Cet accord semble inclure une immunité de poursuites totale pour le président et les personnes ayant travaillé sous ses ordres, et pourrait éviter à de hauts responsables d’être inculpés de la mort de plus de 120 manifestants et d’autres violations commises lors des manifestations récentes mais aussi au cours des années précédentes.

« Le président Ali Abdullah Saleh ne doit pas être autorisé à se soustraire à son obligation de rendre des comptes pour la longue liste d’atteintes aux droits humains perpétrées sous son autorité », a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Il faut que le président Saleh et son entourage répondent des arrestations arbitraires, actes de torture et homicides illégaux commis sous leur autorité si l’on souhaite que l’état de droit signifie réellement quelque chose au Yémen.

« Le président ne doit pas pouvoir échapper à une enquête ou à une procédure judiciaire pour les agissements perpétrés sous sa direction. »

Le Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui a négocié un accord pour que le président Saleh passe la main alors que des manifestations de grande ampleur appelant à sa démission continuent, aurait consulté le gouvernement américain et l’Union européenne avant de présenter sa proposition au gouvernement yéménite et aux dirigeants de l’opposition la semaine dernière.

« Les efforts déployés par le CCG afin de sortir de l’impasse et de mettre fin à la tourmente à laquelle le Yémen est actuellement en proie doivent être salués, mais le président ne doit pas être autorisé à fixer le prix de son départ », a ajouté Malcolm Smart.

« Lui accorder l’immunité judiciaire serait une trahison flagrante des nombreuses victimes de violations des droits fondamentaux commises alors qu’il était au pouvoir, qui continuent à réclamer justice et réparations. »

Dans un rapport récent intitulé Moment of Truth for Yemen, Amnesty International a appelé la communauté internationale à jouer un rôle plus actif afin que les Yéménites obtiennent des comptes pour les violations des droits humains commises.

« Quel message sera adressé aux dirigeants d’autres gouvernements qui enferment arbitrairement, torturent, voire tuent leurs opposants, si Ali Abdullah Saleh est autorisé à fuir les conséquences des actes répréhensibles commis durant sa présidence ? », a poursuivi Malcolm Smart.

« Les gouvernements occidentaux qui se sont exprimés avec tant de ferveur en faveur de l’établissement des responsabilités en Libye et ailleurs sont-ils désormais disposés à cautionner la lamentable tentative d’échapper à la justice d’un des dirigeants au pouvoir depuis le plus longtemps au Moyen-Orient ?

« Pour qu’il y ait une véritable réforme au Yémen, les nouvelles autorités doivent d’abord mettre fin au cycle de l’impunité, problème de longue date dans ce pays, et se pencher sur les conséquences des nombreuses violations perpétrées depuis des années sous l’autorité du président Saleh et de son gouvernement. »

L’organisation a également exhorté le gouvernement yéménite à ne pas perdre de vue que les droits humains et la justice doivent être au cœur de toute stratégie visant à désamorcer les tensions en hausse dans le pays.

Pour en savoir plus


Moment of truth for Yemen
(rapport, 6 avril 2011)

Au Yémen, des attaques violentes ont causé la mort de manifestants (nouvelle, 14 mars 2011)

En amont d’une nouvelle manifestation, Amnesty International met le Yémen en garde contre tout recours meurtrier à la force (nouvelle, 24 mars 2011)


Les exigences de changement en Afrique du Nord et au Moyen-Orient
(page spéciale)

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