Le responsable du Syndicat de la presse placé en détention

L’arrestation le 30 mai 2016 du responsable du Syndicat de la presse égyptienne et de deux collègues est un revers inquiétant pour la liberté d’expression et l’attaque la plus terrible contre les médias qu’ait connue le pays depuis des décennies, a déclaré Amnesty International.

Le 29 mai, Yahia Galash, responsable du Syndicat de la presse égyptienne, ainsi que Khaled Elbalshy et Gamal Abd el Reheem, membres du conseil d’administration, ont été convoqués pour interrogatoire par le parquet. Après 13 heures d’interrogatoire, les trois hommes ont été inculpés d’avoir « abrité secrètement des suspects contre lesquels un mandat d’arrêt a été décerné » et « publié de fausses informations qui menacent la paix publique, en lien avec leur arrestation ». L’accusation a ordonné le placement en détention des trois hommes et fixé leur caution à 10 000 Livres égyptiennes (environ 1 000 euros). Ils ont refusé de la payer.

« L’arrestation de figures emblématiques des médias au Syndicat de la presse témoigne d’une dangereuse escalade de la répression des autorités égyptiennes contre la liberté d’expression et des mesures extrêmes qu’elles sont prêtes à prendre pour resserrer leur poigne de fer sur le pouvoir », a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

Les gouvernements égyptiens successifs ont tous tenté de contrôler les médias et d’imposer des restrictions aux journalistes ; cependant, le 1er mai, une quarantaine de membres de l’Agence de sécurité nationale, lourdement armés, ont fait irruption dans les locaux du Syndicat de la presse pour la première fois depuis sa création en 1941. Ils ont agressé des journalistes, frappé des gardiens de la sécurité et arrêté deux journalistes, Amro Badr et Mahmoud al Saqqa. Détenus à la prison de Tora, ceux-ci sont inculpés d’avoir formé un groupe illégal dans le but de renverser le gouvernement, d’avoir incité à manifester et publié de fausses informations, et d’appartenir au Mouvement du 6 avril, mouvement de jeunesse qui a largement participé à l’organisation des manifestations de 2011.

Quelques jours plus tard, le 4 mai, des milliers de journalistes se sont rassemblés devant le Syndicat pour faire entendre une série de revendications, notamment le limogeage du ministre de l’Intérieur Magdy Abdel Ghaffar, la libération des journalistes arrêtés et incarcérés, et la mise en place de mesures visant à renforcer la protection des journalistes.

«  En poursuivant des membres éminents du Syndicat de la presse, les autorités cherchent à les sanctionner pour avoir critiqué le gouvernement et adressent un message ferme visant à intimider tous les journalistes et à les faire taire. Elles doivent ordonner leur libération immédiate et abandonner les charges retenues contre eux  », a déclaré Magdalena Mughrabi.

Au titre du droit égyptien, il faut l’autorisation du procureur pour perquisitionner les locaux du Syndicat de la presse et toute perquisition doit se faire en présence du responsable du Syndicat ou d’un autre membre de l’équipe dirigeante.

«  L’irruption dans les locaux du Syndicat de la presse le 1er mai était sans précédent. C’est l’attaque la plus flagrante contre les médias qu’ait connue le pays depuis des décennies. Visiblement, les autorités égyptiennes sont prêtes à enfreindre leurs propres lois, dans leur volonté d’écraser toute forme de dissidence, a déclaré Magdalena Mughrabi.

« Elles doivent abandonner toutes les charges retenues contre les deux journalistes appréhendés au Syndicat de la presse et enquêter sur les circonstances de cette descente. »

Au moins 20 journalistes se trouvent actuellement derrière les barreaux en Égypte pour avoir effectué leur travail légitime de journaliste, selon le Syndicat de la presse égyptienne.

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