Le roi d’Arabie saoudite doit commuer les condamnations à mort prononcées pour « sorcellerie »

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI -
Index AI : PRE 01/332/2010

1er octobre 2010

Amnesty International a écrit au roi Abdallah d’Arabie saoudite afin de l’exhorter à commuer les condamnations à mort prononcées contre deux hommes déclarés coupables de « sorcellerie ».

Le ressortissant libanais Ali Hussain Sibat et le Soudanais Abdul Hamid bin Hussain bin Moustafa al Fakki sont tous deux condamnés à mort pour ce chef d’accusation sujet à polémique, invoqué pour sanctionner des personnes qui exercent leur droit à la liberté d’expression.

Dans une lettre adressée jeudi 30 septembre 2010 au roi Abdallah, Amnesty International lui a demandé de faire preuve de clémence dans ces deux affaires. Si les condamnations à mort d’Ali Sibat et d’Abdul Hamid al Fakki sont confirmées en appel, elles seront soumises au roi pour ratification.

« Deux hommes risquent d’être soumis au châtiment le plus cruel et inhumain de manière imminente, alors qu’ils n’ont commis aucun acte susceptible de constituer un crime », a indiqué Philip Luther, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

Ali Sibat a été inculpé de « sorcellerie » parce qu’il présentait une émission sur la chaîne de télévision par satellite libanaise Sheherazade ; il y dispensait des conseils et des prédictions.

Il a été condamné à la sentence capitale par un tribunal de Médine le 9 novembre 2009, après avoir été arrêté par les mutawaeen (police religieuse) en mai 2008, alors qu’il s’était rendu en Arabie saoudite dans le cadre d’un pèlerinage musulman, la Umra (petit pèlerinage).

Ali Sibat n’a bénéficié d’aucune représentation ni assistance juridique lors des audiences. Son affaire a été renvoyée devant la Cour d’appel de la Mecque pour être réexaminée.

L’avocat d’Ali Sibat au Liban a déclaré à Amnesty International ce 1er octobre 2010 : « Le Premier ministre [libanais] Saad Hariri s’est entretenu avec sa femme et lui a promis qu’il rentrerait bientôt chez lui. Mais il ne s’est rien passé. » Elle continue malgré tout à faire campagne en faveur de sa libération.

Abdul Hamid al Fakki, 36 ans, a été arrêté en décembre 2005 à Médine par des membres de la police religieuse.

Il a été accusé de pratiquer la sorcellerie après qu’un homme travaillant pour les mutawaeen l’a piégé en lui demandant de jeter un sort qui conduirait le père de celui-ci à quitter sa deuxième épouse.

Abdul Hamid al Fakki aurait accepté cette requête en échange de 6 000 riyals saoudiens (environ 1 160 euros). Après son arrestation, il a été interrogé et aurait été battu. On pense qu’il a « avoué » sous la contrainte s’être livré à des actes de « sorcellerie ».

Il a été condamné à mort par le tribunal général de Médine en mars 2007. Il n’a reçu aucune assistance juridique et on en sait très peu sur le déroulement de son procès, qui a été tenu secret.

Le frère d’Abdul Hamid al Fakki a affirmé à Amnesty International que c’était « un homme très gentil » et que ses parents, tous deux en mauvaise santé, étaient tourmentés par la condamnation à mort qui pèse sur lui. « Comment peuvent-ils lui faire une chose pareille ? », s’est-il indigné.

Par ailleurs, la détention de deux hommes pour de vagues accusations de « sorcellerie » bafoue les normes internationales relatives aux droits humains en sanctionnant des formes d’expression qui, si elles sont peu courantes, restent pacifiques.

« Ali Sibat et Abdul Hamid al Fakki doivent être libérés immédiatement et sans condition si les actes pour lesquels ils ont été déclarés coupables ne constituent rien de plus que l’exercice légitime et pacifique de leurs droits à la liberté d’expression et de religion »
, a affirmé Philip Luther.

Le crime de « sorcellerie » n’est pas inscrit dans le droit saoudien. Pourtant, ces dernières années, les autorités ont arrêté de très nombreuses personnes sur la base de cette accusation.

La dernière exécution pour « sorcellerie » dont Amnesty International a eu connaissance était celle de Mustafa Ibrahim, un ressortissant égyptien. Elle a eu lieu le 2 novembre 2007. Il avait été reconnu coupable de « sorcellerie » pour avoir soi-disant jeté des sorts en vue de séparer un couple marié.

Les autorités saoudiennes ont repris les exécutions ce mois-ci, le moratoire en vigueur durant le mois musulman du ramadan ayant pris fin.

Au moins 158 personnes ont été exécutées en Arabie saoudite en 2007, et au moins 102 en 2008. En 2009, on sait qu’au moins 69 personnes ont été exécutées, dont 19 étrangers. Depuis le début de l’année 2010, au moins 19 personnes ont été exécutées.

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