Le système de justice militaire égyptien « joue avec la vie » d’un blogueur emprisonné

Amnesty International a exhorté jeudi 13 octobre les dirigeants militaires égyptiens à libérer immédiatement et sans condition un blogueur incarcéré, après que la cour d’appel militaire du Caire ait ordonné qu’il soit rejugé.

Maikel Nabil Sanad, un blogueur de 26 ans, mène une grève de la faim depuis 52 jours afin de protester contre son maintien en détention ; son état de santé s’est très fortement dégradé au cours de cette période.

Plus tôt cette année, cet homme a été arrêté puis condamné à une peine de trois ans de prison pour avoir écrit sur les actions de protestation en Égypte et critiqué les forces armées. Amnesty International le considère comme un prisonnier d’opinion.

« Le procès de Maikel Nabil Sanad a été marqué par les vices de procédure et les retards indus ; avec cette nouvelle procédure, la cour d’appel le ramène à la case départ et joue avec sa vie de manière cruelle », a déploré Amnesty International.

« Toutes les charges retenues contre lui doivent être abandonnées et il doit être relâché immédiatement et sans condition. Il n’aurait jamais dû passer en jugement pour commencer, et à plus forte raison devant un tribunal militaire. »


« Reprendre depuis le début et lui infliger la même procédure inéquitable est particulièrement cruel compte tenu de son état de santé, qui est précaire. »

Le nouveau procès de Maikel Nabil Sanad doit s’ouvrir devant un tribunal militaire mardi 18 octobre. Il sera maintenu en détention jusqu’à cette date.

Dans le cadre du système des tribunaux militaires en Égypte, les appels sont limités à des points d’ordre juridique et n’offrent pas la possibilité de réexaminer les faits ni les preuves.

Amnesty International s’oppose à ce que des civils comparaissent devant des tribunaux militaires, qu’elle considère comme fondamentalement iniques, car ils privent les accusés de certaines des garanties essentielles à un procès équitable, notamment du droit d’interjeter appel.

Depuis le début des manifestations en Égypte au début de l’année, quelque 12 000 personnes ont été traduites devant des tribunaux militaires.

Après avoir été appréhendé à son domicile, au Caire, le 28 mars, Maikel Nabil Sanad a été condamné le 10 avril par un tribunal militaire à trois ans de prison pour avoir critiqué le recours de l’armée égyptienne à la force face aux manifestants sur la place Tahrir et parlé de son objection au service militaire.

Il a perdu beaucoup de poids depuis le début de sa grève de la faim, et les autorités carcérales lui ont refusé les médicaments dont il a besoin pour ses problèmes cardiaques.

Des membres de sa famille ont déclaré à Amnesty International qu’ils craignent pour sa vie et qu’ils avaient réservé un lit pour lui au service de soins intensifs de l’hôpital Hayat, espérant qu’il serait libéré à l’issue de la dernière audience en date.

Le tribunal militaire a cependant refusé de le remettre en liberté, même provisoirement, pour qu’il puisse recevoir des soins médicaux.

Ses proches ont déclaré qu’il a l’intention de poursuivre sa grève de la faim.

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