Communiqué de presse

Des législateurs égyptiens reprochent à des femmes les violences sexuelles dont elles ont été victimes

Amnesty International condamne les propos tenus par des députés égyptiens rendant les manifestantes responsables de la recrudescence récente des agressions sexuelles sur la place Tahrir, au Caire.

Ces remarques ont été formulées lundi 11 février lors d’une séance de la Commission des droits humains du Maglis al Shura (Conseil consultatif), la chambre haute du Parlement égyptien.

Des membres de cette commission auraient déclaré : que les victimes avaient provoqué ces agressions en assistant aux manifestations ; qu’elles portaient une part de responsabilité dans ce qui leur était arrivé ; et que les femmes ne devraient pas se mélanger aux hommes pendant les manifestations.

Ces commentaires trahissent des attitudes discriminatoires profondément ancrées dans les esprits, qui font douter de la détermination des autorités à éradiquer la violence sexuelle.

Amnesty International déplore en particulier que ce type d’opinions aient été exprimées au sein du Conseil consultatif, qui devrait se voir soumettre dans les mois à venir un nouveau projet de loi visant à lutter contre les violences sexuelles et liées au genre.

L’organisation voit mal comment des législateurs qui estiment que les victimes sont coupables pourraient adopter une loi digne de ce nom contre la violence sexuelle.

Amnesty International exhorte les autorités égyptiennes à condamner publiquement toutes les formes de harcèlement sexuel et de violences liées au genre.

Il faut indiquer clairement et sans ambigüité que les femmes ne sont pas responsables de ces agressions et qu’elles doivent pouvoir exercer leur droit à la liberté d’expression et de réunion.

L’Égypte est partie à des traités internationaux relatifs aux droits humains qui interdisent toute forme de discrimination, notamment se fondant sur le genre, et qui demandent aux autorités de respecter l’égalité hommes-femmes.

En particulier, aux termes de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, les autorités égyptiennes sont tenues de veiller à ce que les représentants de l’État s’abstiennent de tout acte ou pratique discriminatoire à l’égard des femmes.

Dans une synthèse sur ces attaques diffusée le 6 février 2013, Amnesty International a demandé aux autorités égyptiennes de diligenter des enquêtes indépendantes au sujet des agressions commises sur la place Tahrir, et de veiller à ce que leurs auteurs soient retrouvés et déférés à la justice dans le cadre de procédures équitables.

COMPLÉMENT D’INFORMATION

On observe une multiplication des agressions sexuelles violentes contre des femmes, notamment des viols, ces derniers mois aux alentours de la place Tahrir, lieu emblématique du Caire.

Un chiffre record a été atteint le 25 janvier 2013 lors des manifestations commémorant le deuxième anniversaire du début du soulèvement qui a chassé le président Hosni Moubarak du pouvoir. Ces agressions ont été perpétrées par des groupes d’hommes et duré de quelques minutes à plus d’une heure.

Les commentaires des membres du Conseil consultatif ont été émis quelques jours à peine après la polémique suscitée par des déclarations similaires faites par Ahmad Mohamed Abdullah (connu sous le nom d’Abu Islam), le propriétaire de la chaîne de télévision Al Ummah.

Dans une vidéo mise en ligne le 6 février, Abu Islam a affirmé que les manifestantes étaient allées sur la place Tahrir parce qu’elles voulaient se faire violer, et que ce type de femmes étaient des « diablesses ». Ces propos ont été très largement condamnés.

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