Communiqué de presse

Les autorités irakiennes doivent cesser de sévir contre les manifestations pacifiques

Amnesty International a demandé aux autorités irakiennes de cesser de réprimer les actions de protestation pacifiques, après l’arrestation de 15 militants favorables à la réforme ces derniers jours à Bagdad.

Quatre manifestants ont été appréhendés par des membres des forces de sécurité vêtus en civil vendredi 29 mai lors d’une action de protestation non violente sur la place Tahrir, à Bagdad. Ils se trouvent toujours en détention et risqueraient des poursuites pour possession de fausses cartes d’identité.

Onze autres militants ont été arrêtés lorsque les forces de sécurité ont fait une descente au siège d’Ayna Haqqi [où est mon droit], une organisation non gouvernementale (ONG) locale, samedi 30 mai. Quatre ont plus tard été relâchés mais les autres, dont le secrétaire général de l’ONG, Ahmed Mohammad Ahmed, sont maintenus en détention, car ils seraient soupçonnés d’avoir pris part à l’organisation de manifestations sur la place Tahrir.

« Ces arrestations fournissent de nouvelles preuves de l’intolérance des autorités irakiennes face à la contestation pacifique et sont très inquiétantes », a déploré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Si elles sont détenues uniquement pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression ou de réunion, ces personnes doivent être libérées immédiatement et sans condition.

Au lieu de réprimer les manifestations, les autorités irakiennes devraient protéger et faire respecter le droit des Irakiens à participer à des manifestations pacifiques soutenant les appels en faveur d’une réforme politique et économique. Les Irakiens doivent être libres d’exprimer leurs opinions sans craindre d’être arrêtés ou harcelés par les forces de sécurité. »

Les 11 détenus sont actuellement tous incarcérés à la prison d’al Muthanna, à Bagdad. Ils ne sont pas autorisés à s’entretenir avec leurs proches ou leur avocat, ce qui fait craindre qu’ils ne soient soumis à la torture ou à d’autres formes de mauvais traitements.

« Les autorités irakiennes doivent faire en sorte que ces détenus soient protégés de ce type d’abus, notamment en leur permettant immédiatement de contacter leur avocat et leurs proches », a ajouté Malcolm Smart.

Une vague de manifestations a débuté en Irak à la mi-2010. Elle visait à dénoncer le fait que les pouvoirs publics fédéraux ne pourvoyaient pas aux services de base comme l’eau et l’électricité. Elles ont ensuite pris de l’ampleur dans le sillage des manifestations populaires en Tunisie et en Égypte, avant d’atteindre leur paroxysme avec une « Journée de la colère » le 25 février, lorsque des dizaines de milliers de manifestants ont défilé dans plusieurs villes du pays.

Le gouvernement fédéral et les autorités de la région du Kurdistan ont réagi en adoptant une règlementation donnant presque toute latitude aux pouvoirs publics afin de déterminer qui est autorisé à manifester ; de nombreux Irakiens, bravant les restrictions officielles, ont cependant continué à manifester.

Days of Rage : Protests and Repression in Iraq (disponible uniquement en anglais et en arabe) – décrit les circonstances dans lesquelles les forces irakiennes et kurdes ont abattu des manifestants, dont trois adolescents, menacé, arrêté et torturé des militants politiques, et pris pour cible des journalistes couvrant les manifestations.

Pour en savoir plus :

Irak : les autorités doivent faire cesser les agressions contre des manifestants (rapport, 12 avril 2011)

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