Communiqué de presse

Les conditions dans les cellules d’isolement en Californie restent inhumaines malgré des propositions de modification de la politique de détention

Amnesty International salue les propositions, soumises par les autorités carcérales californiennes, visant à fournir aux membres de gangs jugés aptes une voie permettant de quitter la détention à l’isolement, par le biais d’un processus en plusieurs étapes.

Amnesty International continue à condamner fermement les conditions qui prévalent dans les quartiers de très haute sécurité de l’État, qui sont loin d’être conformes aux normes internationales relatives au respect de la dignité humaine.

Les prisonniers sont enfermés pendant 22 heures dans des cellules simples ou doubles. À Pelican Bay, celles-ci n’ont pas de fenêtre sur l’extérieur ni aucune ouverture laissant entrer la lumière du jour, tandis que la porte des cellules limite grandement la vue et donne sur un mur aveugle. De telles conditions sont contraires aux normes internationales, en vertu desquelles les prisonniers doivent bénéficier d’une source de lumière naturelle et ne pas être détenus dans des conditions de stimulation sensorielle réduite.

Les détenus de Pelican Bay ont droit à 10 heures hebdomadaires d’exercice en solitaire, dans des courettes ceintes de hauts murs en béton sans aucune vue sur l’extérieur. Dans d’autres quartiers de très haute sécurité, ces cours ont cédé la place à des cages individuelles.

Le programme par étapes proposé – annoncé par l’administration pénitentiaire et de la réinsertion de l’État de Californie la semaine du 5 mars – se déroule en quatre phases, chacune d’une durée minimum de 12 mois. Ce projet ne semble prévoir aucune modification de l’environnement physique des quartiers de très haute sécurité, et il ne permet aucune interaction en groupe pendant au moins les deux premières années, a précisé Amnesty International. L’organisation est préoccupée à la fois par les conditions et par les longues périodes de maintien à l’isolement dans les cellules, le temps de terminer le processus.

Dans un rapport soumis à l’Assemblée générale des Nations unies l’an dernier, le rapporteur spécial sur la torture a cité des éléments selon lesquels la détention à l’isolement, même pour une durée limitée, est susceptible de causer de graves souffrances psychologiques. Il a demandé aux États de n’isoler les prisonniers qu’exceptionnellement, et pour une durée aussi courte que possible. Il a décrit la détention à l’isolement comme la mise à l’écart physique et sociale de ceux qui sont enfermés dans leur cellule 22 à 24 heures par jour.

Une délégation d’Amnesty International, qui s’est rendue dans des quartiers de très haute sécurité en novembre 2011, a déclaré que les conditions de détention dans les cellules ainsi que l’indigence des équipements destinés à l’exercice étaient fort préoccupants, de même que la durée de l’enfermement des prisonniers dans leurs cellules.

L’organisation demande aux autorités californiennes de veiller à ce que leurs propositions incluent des améliorations des conditions de détention dans des quartiers, avec notamment plus d’heures hors des cellules et de meilleures infrastructures destinées à l’exercice physique pour tous les prisonniers.

L’organisation exhorte par ailleurs les autorités à permettre aux détenus des quartiers de très haute sécurité de parler avec leur famille au téléphone. À l’heure actuelle, les détenus de ces quartiers n’ont droit à aucun appel téléphonique, exception faite des urgences, ce qui accroit leur isolement du monde extérieur. Les nouvelles propositions ne prévoient aucun changement au cours de la première année, puis seulement un appel téléphonique à la famille à l’issue de la première année et deux l’année suivante.

En novembre 2011, la délégation d’Amnesty International s’est rendue dans les quartiers de très haute sécurité de trois prisons californiennes (Pelican Bay, Corcoran et la Valley State Prison for Women). À la suite de cette visite, l’organisation a demandé de plus amples renseignements aux autorités carcérales à propos des politiques de détention et de la population carcérale dans les quartiers de très haute sécurité ; elle travaille actuellement sur un rapport détaillé.

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