Communiqué de presse

Les entreprises des États-Unis ne doivent pas se rendre complices de la répression sur Internet en Chine

Les entreprises de technologie américaines qui veulent accéder au marché intérieur chinois ne doivent pas fermer les yeux sur les graves atteintes aux droits humains liées à Internet commises dans le pays, a déclaré Amnesty International à l’approche de la rencontre mercredi 23 septembre entre le président chinois Xi Jinping et des entreprises américaines de premier plan du secteur des technologies.

De hauts responsables d’Apple, de Google, de Facebook, d’IBM et de Microsoft devraient participer au forum Chine-États-Unis du secteur de l’Internet qui se tient à Seattle et qui constitue une étape de la première visite d’État du président chinois Xi Jinping aux États-Unis.

« Les entreprises de technologie américaines doivent faire passer les personnes et les principes avant le profit, et défendre la liberté sur Internet. Elles ne doivent pas, dans leur désir d’accéder au très lucratif marché chinois, fermer les yeux sur la répression en ligne qui s’exerce en Chine, a déclaré William Nee, chargé de recherches sur la Chine à Amnesty International.

« Si les entreprises de technologie américaines nouent une relation intime avec le gouvernement chinois, elles risquent de finir par se rendre complices de l’emprisonnement de personnes qui n’ont fait qu’exercer leur droit à la liberté d’expression en ligne. »

En Chine la liberté d’expression est sévèrement réprimée sur Internet. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Xi Jinping, des centaines de personnes ont été placées en détention uniquement pour avoir exprimé en ligne leurs opinions.

Les autorités continuent d’utiliser la législation pénale pour restreindre de manière injustifiée la liberté d’expression et le droit au respect de la vie privée, notamment en plaçant en détention et en emprisonnant des militants ayant mis en ligne des billets qui déplaisent aux censeurs de l’État.

Un projet de nouvelle loi sur la cybersécurité vise à renforcer la censure et la surveillance déjà très strictes exercées sur Internet en Chine. Au titre de cette loi, les fournisseurs de service seraient tenus de stocker toutes les données personnelles en Chine, et de les livrer aux autorités sans aucune surveillance indépendante, afin de préserver la « souveraineté du cyberespace ».

Selon le New York Times, les autorités chinoises ont récemment écrit à des géants américains du secteur des technologies pour leur demander de s’engager à respecter de telles pratiques.

« La liberté sur Internet est attaquée partout dans le monde. Le 23 septembre, les grandes entreprises du secteur des technologies devront rejeter catégoriquement le concept chinois de souveraineté du cyberespace et refuser de livrer aux autorités chinoises des données si elles ne veulent pas se rendre complices de la répression », a déclaré William Nee.

Complément d’information

La rencontre tombe le jour du premier anniversaire de la condamnation de l’universitaire ouïghour Ilham Tohti à la réclusion à perpétuité pour une accusation infondée de « séparatisme ». Ilham Tohti, qu’Amnesty International considère comme un prisonnier d’opinion, a créé le site Uighur Online. Des articles publiés sur ce site ont été utilisés comme éléments de preuve contre lui lors de son procès inique.

Des milliers de sites sont toujours bloqués en Chine, notamment Facebook, Instagram et Twitter. Des sites d’information internationaux de premier plan tels que ceux de la BBC et du New York Times sont également interdits. De très nombreuses phrases sont censurées sur les médias sociaux, y compris toutes celles mentionnant la répression du mouvement de la place Tiananmen en 1989.

Des gouvernements à travers le monde utilisent de plus en plus la technologie pour réprimer la liberté d’expression, censurer les informations sur les violations des droits humains et exercer une surveillance de masse systématique au nom de la sécurité, souvent en collaboration avec des entreprises.

Les gouvernements américain et britannique ont sapé les libertés en ligne avec des programmes de surveillance de masse systématique menés par la NSA, l’Agence de sécurité nationale des États-Unis, et le GCHQ, le Quartier général des communications du gouvernement britannique, qui portent atteinte au respect de la vie privée dans le monde entier.

Des entreprises basées dans des pays occidentaux tels que le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie exportent des logiciels qui permettent aux gouvernements d’accéder aux ordinateurs de militants des droits humains, de blogueurs et de journalistes et qui pourraient conduire à la persécution des personnes visées.

Les entreprises du secteur de l’Internet ont la responsabilité de respecter les droits humains internationaux dans leurs activités à travers le monde. Cela implique de mettre en place des mesures de prévention afin que de graves atteintes aux droits humains puissent être évitées. Une loi obligeant les entreprises à stocker des informations privées et à les fournir aux autorités chinoises les contraindrait à agir d’une manière allant à l’encontre de leur responsabilité de respecter les droits humains ; les entreprises doivent s’opposer à ces mesures afin de respecter la liberté d’expression et les droits qui y sont liés. Elles ne doivent pas communiquer des informations privées volontairement et sans se poser de question, en raison des graves conséquences que cela pourrait avoir.

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