Les « Railway Dwellers » au Ghana risquent une nouvelle fois d’être expulsés de manière imminente Des milliers de personnes risquent d’être expulsées dans le cadre du projet de réaménagement du réseau ferroviaire ghanéen.

27 janvier 2011

Amnesty International demande aux autorités ghanéennes de stopper l’expulsion forcée de milliers de personnes vivant le long de la voix ferrée à Accra, la capitale du pays, alors que les craintes resurgissent qu’elles ne fassent l’objet d’une expulsion imminente.

Baptisés les « Railway Dwellers », ces hommes, ces femmes et ces enfants qui vivent et travaillent dans de petites échoppes et des kiosques construits le long des voies risquent de se retrouver sans abri et sans ressources s’ils sont expulsés de force de leurs logements.

Ces expulsions s’inscrivent dans le cadre du Programme pour une vie meilleure au Ghana, qui vise à améliorer le niveau de vie de tous les Ghanéens, et d’un projet national de réaménagement du réseau ferroviaire. Le gouvernement a en effet signé un contrat de 6 milliards de dollars américains (4,5 milliards d’euros) avec une entreprise chinoise pour la construction d’infrastructures ferroviaires et l’extension du réseau existant.

Le 21 janvier 2011, des responsables de la municipalité d’Accra et du projet de développement du système ferroviaire ont rendu visite aux habitants vivant le long des voies à Accra. Ils ont mesuré la distance qui sépare les structures installées de voies peu usitées et ont émis de nouveaux avis d’expulsion pour les personnes vivant à moins de 160 mètres des rails.

Ces avis ne mentionnaient pas la date prévue pour l’expulsion. Toutefois, le 21 janvier, le responsable de l’exécutif de l’Assemblée métropolitaine d’Accra – organe local de gouvernance – a déclaré que toutes ces structures seraient démolies avant que ne débutent les travaux sur les lignes ferroviaires en février. Quatre jours plus tard, sur les installations visées par la démolition était peinte l’inscription « À démolir avant le 25 janvier 2011 par l’Assemblée métropolitaine d’Accra ».

« Ces gens ont été menacés d’expulsion à plusieurs reprises, la dernière fois en décembre 2010, a indiqué Lawrence Amesu, directeur d’Amnesty International Ghana. On espérait que les autorités avaient stoppé leurs projets, grâce aux pressions exercées par les militants des droits humains, dont ceux d’Amnesty International.


« Nombre de personnes vivant sur ces sites n’ont nulle part où aller. Les autorités vont laisser leurs propres citoyens sans domicile ni ressources si elles vont au bout de ce projet. »

Les autorités ghanéennes n’ont pas mis en place de protections juridiques ni d’autres garanties contre les expulsions forcées, comme une consultation réelle avec les habitants concernés. Elles n’ont proposé aucune solution de relogement aux habitants et n’ont pas prévu non plus de le faire après les expulsions. Pourtant, elles sont tenues de prendre toutes ces mesures aux termes du droit international.

« Amnesty International comprend le besoin et le désir de développement du Ghana, et le souhait des autorités de réaménager le réseau ferroviaire. Cependant, le développement ne doit jamais se faire au détriment des droits humains », a souligné Lawrence Amesu.

Certaines personnes vivent le long des voies à Accra depuis plus de 17 ans.

L’interdiction des expulsions forcées aux termes du droit international s’applique en toutes circonstances et à tous, y compris aux personnes contraintes de vivre dans des habitations précaires. Même lorsque les habitants ne disposent pas d’un droit d’occupation légal, le gouvernement ne peut pas les expulser de force de leurs logements.


« Il faut que les autorités ghanéennes adoptent un moratoire sur les expulsions jusqu’à ce que des mesures aient été adoptées pour garantir que ces opérations se dérouleront dans le respect des normes internationales relatives aux droits humains et qu’un programme de relogement soit mis sur pied afin de proposer des solutions adéquates aux habitants »,
a conclu Lawrence Amesu.

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