Bien qu’il ait pris ses fonctions il y a plus de trois mois, on ne constate pas de véritable progrès sur une série d’affaires d’homicides perpétrés par les forces de sécurité et la tentative de meurtre dont un journaliste a été victime.
« Le gouvernement du Premier ministre Thabane n’a pas mis à profit ces 100 jours pour prendre un virage clair et veiller à ce que les auteurs présumés de violations des droits humains soient amenés à rendre des comptes, a déclaré Deprose Muchena, directeur du programme Afrique australe à Amnesty International.
« Il faut qu’il respecte la promesse qu’il a faite lors de son investiture, celle de créer une situation plus stable dans laquelle l’état de droit soit respecté. »
Il n’y a pas eu de progrès démontrable dans l’enquête sur l’homicide du général de corps d’armée Maaparankoe Mahao, commis en 2015 par des membres des Forces de défense du Lesotho (LDF), en dépit des recommandations formulées par la commission d’enquête de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
Plus d’un an après que des inconnus ont tiré sur Lloyd Mutungamiri, rédacteur du Lesotho Times, cet homme qui a failli perdre la vie n’a pas encore obtenu justice. L’attaque glaçante contre la liberté d’expression a eu lieu devant son domicile de Maseru (Lesotho) le 9 juillet 2016. Le Lesotho Times est un journal d’investigation qui a publié des articles sur un sujet sensible au plan politique, à savoir la corruption de la police et de l’armée.
Par ailleurs, on ignore dans quelle mesure l’enquête sur l’homicide de la femme du Premier ministre, dont il était séparé, a avancé. Lipolelo Thabane a été abattue par des inconnus le 14 juin 2017, à la veille de l’investiture de son époux.
Le 5 septembre 2017, le commandant Khoantle Motsomotso a été tué par balle dans son bureau au quartier général des LDF, à Maseru. Deux autres membres des LDF, le général de brigade Bulane Sechele et le colonel Tefo Hashatsi, sont morts lors de la fusillade. Le Premier ministre a annoncé que l’enquête était en cours.
« Il faut que le Premier ministre Thomas Thabane saisisse cette opportunité pour ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire du Lesotho en s’attaquant de toute urgence à la culture de l’impunité qui encourage les violations des droits humains depuis des décennies, a déclaré Deprose Muchena.
« En ne réagissant pas aux atrocités commises par le passé, on crée une culture dans laquelle elles perdurent. »
Complément d’information
Le Premier ministre Thomas Thabane, élu le 3 juin 2017, est entré en fonctions le 16. Son prédécesseur, Pakalitha Mosisili, avait fait l’objet d’une motion de censure le 1er mars 2017.
Quatre partis politiques – la Convention des Basothos (ABC), l’Alliance des démocrates (AD) dirigée par Monyane Moleleki, le Parti national basotho (BNP) et le Congrès réformé du Lesotho (RCL) –, ayant obtenu à eux tous 63 sièges parlementaires, ont formé une coalition pour diriger le pays.
Depuis 2014, le Lesotho est en proie à une crise politique et sécuritaire, qui a entraîné une multiplication des violations des droits humains.