« Les autorités libanaises doivent sans attendre rejeter les demandes d’extradition visant Abdul Rahman Al Qaradawi déposées par les autorités égyptiennes et émiriennes, a déclaré Sara Hashash, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.
« L’arrestation arbitraire d’Abdul Rahman Al Qaradawi fait suite à ses propos critiques à l’égard des autorités émiriennes, saoudiennes et égyptiennes ; les demandes d’extradition le concernant seraient fondées sur l’exercice légitime de son droit à la liberté d’expression.
« Critiquer les autorités n’est pas un crime. S’il est renvoyé en Égypte, Abdul Rahman Al Qaradawi sera exposé au risque d’être victime d’une disparition forcée [1], d’actes de torture et de mauvais traitements [2], ainsi que d’un procès inique [3] débouchant sur son incarcération inique [4] prolongée. S’il est renvoyé aux Émirats arabes unis, il risque également d’être détenu arbitrairement et de subir d’autres violations des droits humains.
« Cette affaire est un test quant à l’engagement des autorités libanaises en faveur du droit à la liberté d’expression. »
« L’extrader de force vers un pays où il risque d’être persécuté constituerait une violation flagrante du principe de non-refoulement inscrit dans le droit international.
« Cette affaire est un test quant à l’engagement des autorités libanaises en faveur du droit à la liberté d’expression. Elles doivent faire passer le respect des droits humains et des obligations découlant du droit international avant les liens politiques et les intérêts économiques. Elles doivent rejeter les demandes d’extradition des Émirats arabes unis et de l’Égypte, libérer immédiatement Abdul Rahman Al Qaradawi et lui permettre de se rendre en Turquie ou vers une autre destination de son choix. »
Complément d’information
Les autorités libanaises devraient prendre une décision concernant la demande d’extradition d’Abdul Rahman al Qaradawi cette semaine.
Lors d’un séjour à Damas en décembre 2024, Abdul Rahman al Qaradawi s’est filmé [5] en train de se promener autour de la mosquée des Omeyyades et de critiquer les autorités émiriennes, saoudiennes et égyptiennes. Selon sa famille et ses avocats, cette courte vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux est à l’origine de son arrestation. Il a été interpellé à la frontière libano-syrienne le 28 décembre et a ensuite été interrogé par les forces de sécurité libanaises au sujet d’un jugement rendu par contumace en 2017 par un tribunal égyptien, qui l’a reconnu coupable du chef d’accusation de diffusion de « fausses nouvelles », entre autres, et l’a condamné à cinq ans de prison dans le cadre d’une affaire à caractère politique, ainsi qu’au sujet de la demande d’extradition déposée par les Émirats arabes unis.
Le 3 janvier 2025, les avocats d’Abdul Rahman Al Qaradawi ont présenté une lettre urgente aux procédures spéciales de l’ONU demandant l’annulation des demandes d’extradition égyptienne et émirienne.
Détenteur de la double nationalité égyptienne et turque, Abdul Rahman Al Qaradawi vit et travaille en Turquie. Il est le fils de feu Yusuf Al Qaradawi, éminent universitaire islamique égyptien. Sa sœur, Ola Al Qaradawi [6], a été détenue arbitrairement pendant quatre ans en Égypte sur la base de fausses accusations liées au terrorisme.