LIBÉRIA : Le Groupe de contact doit condamner les atteintes aux droits humains perpétrées par le gouvernement et les forces du LURD

Index AI : AFR 34/005/2003

Le Groupe international de contact sur le Libéria se réunit ce vendredi 28 février à New York. Priorité devrait être donnée à l’examen de la crise concernant les droits humains fondamentaux au Libéria, a déclaré Amnesty International.

L’engagement de la communauté internationale à résoudre le conflit armé interne et à apporter paix et sécurité au Libéria doit comprendre des initiatives visant à mettre un terme aux graves atteintes aux droits humains perpétrées à l’encontre de civils aussi bien par les forces gouvernementales libériennes que par les milices qui leur sont alliées et l’opposition armée des Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (LURD, Liberians United for Reconciliation and Democracy).

« Les participants à la rencontre d’aujourd’hui devraient condamner dans les termes les plus sévères les graves atteintes aux droits humains et au droit international humanitaire perpétrées par les forces gouvernementales et celles du LURD », a déclaré Amnesty International.

Cette rencontre se déroule à un moment critique. Depuis le mois de janvier, les combats résurgents au Libéria se sont accompagnés de nombreuses atteintes aux droits humains (exécutions sommaires, torture et mauvais traitements, arrestations et détentions arbitraires, enrôlement forcé de mineurs). Ils ont également entraîné de nouveaux déplacements de population et exacerbé une situation humanitaire déjà désespérée.

« De graves atteintes aux droits humains sont perpétrées contre la population civile avec une quasi impunité. C’est l’une des raisons majeures pour lesquelles ces atteintes se poursuivent.
« La recherche d’une solution durable à ce conflit passe par la comparution en justice des personnes soupçonnées d’être responsables d’atteintes aux droits humains », a déclaré l’organisation.

Dans un rapport de dix pages adressé au Groupe de contact international, Amnesty International fait des recommandations spécifiques pour parvenir à mettre un terme aux atteintes aux droits humains. L’organisation attire en particulier l’attention sur la nécessité de mettre un terme à toute forme d’impunité et de prendre en compte la vulnérabilité des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur du pays ; sur la poursuite de l’aide militaire aux combattants et sur l’importance d’une présence internationale dédiée aux droits humains.

Une attention particulière est demandée pour ce qui concerne la situation critique de centaines de milliers de réfugiés et de personnes déplacées à l’intérieur du Libéria et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. La situation déjà catastrophique a encore empiré après les évènements de septembre 2002 dans la Côte d’Ivoire toute proche où des réfugiés libériens risquent maintenant d’être tués par les forces gouvernementales ivoiriennes ou par des civils, dont certains sont armés par le gouvernement.

« Des fonds supplémentaires devraient être alloués de façon urgente au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) afin de lui permettre de répondre aux besoins particuliers de protection des réfugiés et personnes déplacées du Libéria et, de manière plus générale, à la crise provoquée par le nombre de réfugiés en Afrique de l’Ouest, a ajouté Amnesty International.

« En outre, des mesures urgentes doivent être prises par les gouvernements de la région pour protéger les réfugiés et personnes déplacées à l’intérieur des différents pays de toute atteinte aux droits humains fondamentaux. »
En dépit des sanctions des Nations unies, des armes continuent d’être acheminées au Libéria. Étant donné la généralisation des atteintes aux droits humains perpétrées par les deux parties au conflit, la fourniture d’armes, de munitions et de toute autre forme d’assistance militaire - qu’elle soit directe ou indirecte - au Libéria contribuera de façon quasi certaine à ce que des atteintes aux droits humains soient commises contre la population civile.

« Tous les gouvernements devraient prendre le maximum de mesures possibles pour empêcher la fourniture d’armes, de munitions et d’aide militaire aux forces gouvernementales libériennes et au LURD, a déclaré Amnesty International.

« Le Conseil de sécurité des Nations unies et le Groupe d’experts des Nations unies pour le Libéria, mis sur pied pour surveiller l’application des sanctions des Nations unies, devraient également continuer à s’intéresser au lien établi entre les revenus de l’industrie du bois au Libéria et le commerce des armes à destination du Libéria. »

Il est essentiel que les atteintes aux droits humains fassent l’objet d’une surveillance et de rapports précis et sans partialité tant que le Libéria se trouve dans une situation d’urgence en ce qui concerne les droits humains. Le Conseil de sécurité des Nations unies a proposé un renforcement du mandat du Bureau d’appui des Nations unies pour la consolidation de la paix au Libéria (BANUL) pour y inclure « la promotion et la surveillance du respect des droits humains au Libéria ».

« Priorité doit être accordée à la mise en place dès que possible du Bureau d’appui des Nations unies pour la consolidation de la paix au Libéria (BANUL) avec un mandat renforcé comprenant une section droits humains en mesure d’exercer une surveillance active et de présenter des rapports publics sur les atteintes aux droits humains fondamentaux », a conclu Amnesty International.

Complément d’information
Le Groupe international de contact sur le Libéria a été créé en septembre 2002 pour apporter une réponse à la crise au Libéria (crise politique, crise de la sécurité et crise humanitaire) qui a eu des répercussions importantes dans toute l’Afrique de l’Ouest. Le Groupe a tenu sa première session de travail le 19 décembre 2002 à Dakar au Sénégal. Il est constitué de représentants des Nations unies, de l’Union européenne, de l’Union africaine, de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de la France, du Maroc, du Nigéria, du Sénégal, du Royaume-Uni et des États-Unis d’Amérique. La coordination est assurée par la CEDEAO. l
Pour en savoir plus sur les recommandations d’Amnesty International au Groupe international de contact sur le Libéria, veuillez consulter les documents suivants : AFR 34/004/2003 publié par Amnesty International le 28 février 2003 et intitulé Liberia : recommandations to the International Contact Group on Liberia [Libéria : Recommandations au Groupe de contact international sur le Libéria] et AFR 34/003/2003 publié par Amnesty International le 20 février 2003 et intitulé Côte d’Ivoire : Liberian refugees at imminent risk [Côte d’Ivoire : danger imminent pour les réfugiés libériens]

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