« Les menaces du ministre de l’Intérieur visant à réprimer les libertés fondamentales au nom de la " moralité " constituent une dangereuse escalade dans les niveaux de répression déjà étouffants que subissent ceux qui, en Libye, n’adhèrent pas aux normes sociales dominantes. Les propositions visant à imposer le port du voile aux femmes et aux filles dès l’âge de neuf ans, à restreindre les interactions entre hommes et femmes, et à contrôler les choix personnels des jeunes en matière de coiffure et d’habillement sont non seulement alarmantes, mais violent également les obligations qui incombent à la Libye en vertu du droit international, a déclaré Bassam Al Kantar, chercheur sur la Libye à Amnesty International.
« Dans le cadre d’une nouvelle attaque contre les droits des femmes et l’égalité, le ministre de l’Intérieur du gouvernement d’union nationale propose d’obliger les femmes à demander l’autorisation de leurs tuteurs masculins avant de pouvoir se rendre à l’étranger et s’est vanté d’avoir fait renvoyer de force depuis la Tunisie deux Libyennes qui voyageaient sans " tuteur ". Il a également annoncé la possible création d’une " police des mœurs " chargée de surveiller les espaces publics, les lieux de travail et les interactions personnelles, en violation flagrante de la vie privée, de l’autonomie et de la liberté d’expression des individus.
« Le gouvernement d’union nationale doit renoncer à ces mesures répressives et s’attaquer à la crise des droits humains qui sévit dans le pays et se traduit par des détentions arbitraires massives, des disparitions forcées, des actes de torture et des procès iniques. Il doit faire respecter les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, et prendre des mesures afin de lutter contre toutes les formes de violence liée au genre et de discrimination. »
Complément d’information
Emad Al Trabelsi a tenu ces propos lors d’une conférence de presse [1] le 6 novembre.
Amnesty International dénonce depuis longtemps le fait que les autorités libyennes ont promu et légitimé des chefs de milices responsables de crimes relevant du droit international, au lieu de veiller à ce qu’ils aient à rendre des comptes, favorisant ainsi de nouveaux cycles de violences. Avant d’être nommé par le gouvernement basé à Tripoli, Emad Al Trabelsi était à la tête de la tristement célèbre milice de l’Agence de sécurité publique, impliquée dans des crimes contre des migrant·e·s et des réfugié·e·s, notamment des disparitions forcées et des actes de torture.