Libye : le CNT doit sécuriser le site d’un charnier découvert à Abou Salim afin de protéger les éléments de preuve

Un charnier découvert à proximité de la prison libyenne d’Abou Salim, où seraient enterrés des prisonniers massacrés en 1996, doit être immédiatement sécurisé, afin de protéger les éléments de preuve et de permettre l’identification fiable des corps, a déclaré Amnesty International lundi 26 septembre.

Le Conseil national de transition (CNT) a annoncé le 25 septembre la découverte de ce charnier et déclaré qu’il demanderait l’aide d’experts internationaux afin de procéder à l’exhumation des corps et à leur identification par ADN.

Dans les médias, on a pu voir des proches des victimes et d’autres personnes déambuler sur le site et déterrer des lambeaux de vêtements et des fragments d’os.

« Ces familles attendent depuis plus de 15 ans de connaître la vérité et d’obtenir justice, a indiqué Claudio Cordone, directeur général à Amnesty International. Le CNT et les experts doivent aborder les preuves et les restes découverts sur ce site avec les plus grandes précautions.

« Le massacre de la prison d’Abou Salim fut l’un des chapitres les plus honteux du règne de Mouammar Kadhafi, a-t-il ajouté. Nous pouvons mesurer l’angoisse et le désespoir des familles qui pensent que leurs proches ont été tués à Abou Salim. Cependant, si les exhumations sont effectuées par des personnes qui ne sont pas qualifiées ni dûment équipées, cela ne fera qu’entraver le droit des victimes et de leurs familles à la vérité et à la justice. »

Pendant des années, les familles des prisonniers tués à Abou Salim ont demandé en vain au gouvernement de Mouammar Kadhafi de dévoiler la vérité sur ce massacre.

Amnesty International exhorte le CNT à veiller à ce qu’aucune exhumation ni identification n’ait lieu en l’absence d’experts médicolégaux qui travaillent dans le respect des normes internationales.

Plus de 1 200 détenus seraient morts durant le massacre de la prison d’Abou Salim en juin 1996. Une émeute déclenchée par les terribles conditions de détention a tout d’abord été réprimée par des tirs aveugles. Des agents du gouvernement ont ensuite négocié avec les représentants des prisonniers et promis de prendre en considération certaines de leurs revendications. Cependant, le lendemain matin, les prisonniers ont été conduits dans la cour de la prison et abattus.

« La ténacité des proches des victimes d’Abou Salim, décidés à connaître la vérité et à obtenir justice malgré la répression et le harcèlement, a sans nul doute contribué à briser le mur de silence et est pour partie à l’origine de la " révolution du 17 février ". »

En effet, les proches des victimes d’Abou Salim ont été les premiers à descendre dans les rues de Benghazi, le 15 février, pour protester contre l’arrestation de deux membres du Comité d’aide aux familles des victimes d’Abou Salim.

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