Cette plateforme interactive intitulée Digital Violence : How the NSO Group Enables State Terror [5] dresse un état des lieux des attaques numériques menées contre des défenseur·e·s des droits humains de par le monde, et expose les répercussions dans le monde réel de la « violence numérique » exercée par le logiciel espion Pegasus, avec les préjudices subis par des avocat·e·s, des militant·e·s et d’autres représentant·e·s de la société civile.
NSO Group est un acteur majeur de l’industrie opaque de la surveillance. Le logiciel espion Pegasus de cette entreprise a été utilisé pour mener certaines des attaques numériques les plus insidieuses visant des défenseur·e·s des droits humains. Dès que Pegasus s’est furtivement installé dans le téléphone de la victime, l’auteur de l’attaque a entièrement accès au contenu du téléphone (messages SMS, courriels, activité sur Internet, micro, appareil photo, appels téléphoniques et contacts).
« L’enquête révèle à quel point le monde numérique est devenu le nouveau champ de bataille où sont perpétrées des violations des droits humains, un lieu où s’exercent les manœuvres d’intimidations et la surveillance des pouvoirs publics qui permettent que des violations soient physiquement commises dans le monde réel », a déclaré Shourideh C. Molavi, responsable de la recherche à Forensic Architecture.
Edward Snowden est le narrateur d’une série de vidéos présentées sur la plateforme qui exposent les cas de militant·e·s des droits humains et de journalistes pris pour cible par Pegasus. L’illustration sonore de la plateforme interactive a été créée par le compositeur Brian Eno. Le film [6] consacré à ce projet, réalisé par la réalisatrice oscarisée Laura Poitras, sera projeté en avant-première pendant le festival de Cannes ce mois-ci.
« Depuis des années, NSO Group entoure ses activités de secret et tire profit du fait qu’elle agit dans l’ombre. Cette plateforme met en évidence les liens importants qui existent entre l’utilisation de son logiciel espion et les terribles violations des droits humains infligées à des militant·e·s et à la société civile »
« NSO Group représente ce qu’il y a de pire concernant la vente d’outils utilisés pour des vols avec effraction numériques à des entités dont cette entreprise sait parfaitement qu’elles commettent activement et de façon agressive des violations des droits fondamentaux de dissident·e·s, de représentant·e·s de l’opposition et de journalistes », a déclaré Edward Snowden, président de Freedom of the Press Foundation.
La plateforme en ligne est l’une des bases de données les plus exhaustives qui soient concernant les activités liées à NSO : elle offre des informations sur les licences d’exportation, sur des achats présumés, sur des infections numériques et des attaques physiques menées contre des militant·e·s préalablement ciblés par le logiciel espion, attaques qui comprennent des manœuvres d’intimidation et de harcèlement ainsi que des arrestations. La plateforme apporte également un éclairage sur la structure organisationnelle complexe de NSO Group, à partir des informations issues des nouvelles recherches menées par Amnesty International et ses partenaires.
« Depuis des années, NSO Group entoure ses activités de secret et tire profit du fait qu’elle agit dans l’ombre. Cette plateforme met en évidence les liens importants qui existent entre l’utilisation de son logiciel espion et les terribles violations des droits humains infligées à des militant·e·s et à la société civile », a déclaré Danna Ingleton, directrice adjointe d’Amnesty Tech.
« L’enquête révèle à quel point le monde numérique est devenu le nouveau champ de bataille où sont perpétrées des violations des droits humains, un lieu où s’exercent les manœuvres d’intimidations et la surveillance des pouvoirs publics qui permettent que des violations soient physiquement commises dans le monde réel »
Le Security Lab d’Amnesty International et Citizen Lab [7] ont de façon répétée dénoncé l’utilisation qui a été faite du logiciel espion Pegasus de NSO Group pour attaquer des centaines de défenseur·e·s des droits humains à travers le monde. Amnesty International demande à NSO Group de prendre de toute urgence les mesures nécessaires pour ne pas causer d’atteintes aux droits humains ni contribuer à des atteintes aux droits humains, et de réagir en cas de tels agissements. La cybersurveillance doit exercer de façon adéquate la diligence requise en matière de droits humains et prendre les mesures nécessaires pour que les défenseur·e·s des droits humains et les journalistes ne fassent plus l’objet d’une surveillance illégale.
En octobre 2019, Amnesty International a révélé que le téléphone de l’universitaire et militant marocain Maati Monjib avait été infecté par le logiciel espion Pegasus. Cet homme continue d’être harcelé par les autorités marocaines à cause de son travail en faveur des droits humains. En décembre 2020, Maati Monjib a été arrêté de façon arbitraire puis il a fait l’objet d’une libération conditionnelle le 23 mars 2021.
Maati Monjib raconte ce qui lui est arrivé dans une des vidéos, et l’impact de cette surveillance sur sa vie personnelle : « Les autorités savaient tout, explique-t-il. J’étais en danger. La surveillance a des effets très néfastes sur l’état psychologique de la victime. Ma vie a beaucoup changé à cause de toute cette pression. »
Amnesty International demande que toutes les charges retenues contre Maati Monjib soient abandonnées, et qu’il soit mis fin au harcèlement exercé contre cet homme et sa famille par les autorités marocaines.