COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Malaisie. Une arrestation de masse de manifestants non violents illustre le rétrécissement de l’espace accordé aux défenseurs des droits humains

L’arrestation, jeudi 31 octobre, de 19 personnes ayant pris part à une manifestation pacifique contre la démolition d’un village historique en Malaisie montre une nouvelle fois à quel point la position adoptée par les autorités du pays est sévère à l’égard des défenseurs des droits humains, a déclaré Amnesty International.

« S’il fallait encore des preuves que les autorités malaisiennes restreignent le terrain d’action des défenseurs des droits humains, ces arrestations montrent très clairement quelles sont leurs priorités », a déploré Isabelle Arradon, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

Dans son rapport d’août 2013 soumis au Conseil des droits de l’homme, la Malaisie a assuré que le développement des droits civils et politiques dans le pays irait « au même rythme » que les progrès effectués dans le domaine des droits économiques, sociaux et culturels. Cependant, Amnesty International et La Voix du peuple malaisien (SUARAM), une ONG malaisienne de premier plan, ont souligné cette semaine qu’il s’agissait pour l’instant d’une promesse creuse.

« Les arrestations arbitraires telles que celles-ci portent atteinte au droit des manifestants d’exercer pacifiquement leur droit à la liberté d’expression et de réunion, et ont un effet paralysant sur ceux qui s’impliquent pour défendre les droits humains », a poursuivi Isabelle Arradon.

Figurent parmi les personnes arrêtées jeudi 31 octobre des défenseurs des droits humains tels que Nalini Elumalai, la directrice exécutive de SUARAM, A Thevaraj, coordinateur au sein de SUARAM, ainsi que des politiciens de l’opposition, des représentants de l’assemblée de l’État et des députés. Ils ont depuis lors été libérés sous caution, en attendant d’être officiellement inculpés.

Ces manifestants ont été appréhendés pour « avoir fait obstruction » au travail de fonctionnaires, en vertu de l’article 186 du Code pénal malaisien. Cette infraction est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à trois mois de prison et d’une amende de 1 000 ringgits malaisiens (soit environ 230 euros).

Des policiers ont arrêté ces personnes alors qu’elles manifestaient pacifiquement contre la démolition du village historique de Kampung Hakka Mantin, dans l’État malaisien de Negeri Sembilan, au sud-ouest de Kuala Lumpur, la capitale. Un certain nombre de résidents de cette zone risquent d’être expulsés en raison de cette démolition, qui vise à faire place nette pour un projet d’aménagement à vocation mixte.

Une des personnes arrêtées a indiqué à Amnesty International que les policiers s’étaient montrés physiquement violents envers les manifestants, ajoutant que ces derniers avaient été « maltraités et, pour certains, violemment agressés par les policiers ». Amnesty International demande aux autorités malaisiennes d’enquêter sur les allégations de recours indu et excessif à la force par la police lors de ces arrestations.

Un manifestant a affirmé à Amnesty International que les policiers ont rejeté la proposition du groupe de négocier de manière pacifique, en dépit du fait que celui-ci ait au préalable demandé un sursis à la Cour d’appel, et attendait une décision au moment de la manifestation.

D’après Cha Kee Chin, membre de l’assemblée de l’État, la Cour d’appel a émis une ordonnance de suspension relative à la démolition à 14 h 15 heure locale jeudi 31 octobre – après l’arrestation des manifestants.

Les arrestations effectuées à Kampung Hakka Mantin surviennent à peine une semaine après que le Conseil des droits de l’homme des Nations unies se soit penché sur le bilan de la Malaisie en matière de droits humains, dans le cadre de l’Examen périodique universel de ce pays. L’espace restreint réservé à la liberté d’expression et de réunion en Malaisie fait partie des principaux motifs de préoccupation évoqués par les États membres des Nations unies à cette occasion.

« L’examen récent, par les Nations unies, du bilan de la Malaisie sur le terrain des droits humains a révélé à quel point les droits civils et politiques sont négligés dans ce pays. Les autorités malaisiennes doivent traduire leurs paroles en actes, et veiller à ce que la liberté d’expression soit pleinement protégée, aussi bien en droit que dans la pratique », a conclu Isabelle Arradon.

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