Malaisie. Les accusations contre Anwar Ibrahim sont à caractère politique


COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Les accusations de sodomie à l’encontre du chef de l’opposition en Malaisie, Anwar Ibrahim, pourraient n’être qu’une tentative pour l’empêcher de se présenter aux élections parlementaires, a déclaré Amnesty International le 6 août.

« Il y a dix ans le gouvernement avait eu recours à une accusation similaire de sodomie contre Anwar Ibrahim, qui était resté emprisonné pendant six ans, avant que le jugement ne soit infirmé, a déclaré Sam Zafiri, directeur Asie-Pacifique d’Amnesty International. En 1998, Amnesty International considérait Anwar Ibrahim comme un prisonnier d’opinion. Aujourd’hui, de nombreux éléments semblent indiquer une nouvelle fois que le gouvernement ne joue pas le jeu dans cette affaire. »

Mohamad Saiful Bukhari Azlan, assistant d’Anwar Ibrahim, avait déposé plainte contre lui pour sodomie. Le 28 juillet, des informations ont filtré dans la presse concernant le compte-rendu de l’examen médical de Mohamad Saiful Bukhari Azlan par un médecin d’une clinique privée. Le bilan médical indiquait qu’il n’y avait pas eu sodomie. Toutefois, le médecin conseillait à Mohamad Saiful Bukhari Azlan, de se rendre dans un hôpital public pour un deuxième examen, ce qu’il aurait fait le jour même. On ne sait pas ce qu’il est advenu du médecin.

« Nous sommes également inquiets pour la sécurité de tous les témoins dans cette affaire, notamment celle de Mohamed Osman, et nous appelons le gouvernement à leur assurer une protection adéquate », a déclaré Sam Zafiri.

Amnesty International a appelé les autorités de Malaisie à accorder à Anwar Ibrahim une mise en liberté sous caution au cas où il serait inculpé. La mise en liberté sous caution lui avait été refusée en 1998 pour des raisons de « sécurité nationale ».

« Il est juste que les Malaisiens et la communauté internationale portent un jugement sur le respect des principes du droit par le gouvernement malaisien en fonction de la manière dont il procèdera dans cette affaire », a déclaré Sam Zafiri.

Complément d’information

La police malaisienne a informé Anwar Ibrahim le 6 août qu’il allait être formellement inculpé pour « relations sexuelles contre nature » et qu’il devrait se présenter au tribunal de district de Kuala Lumpur à 10h00 le 7 août. Le 6 août également, la Commission électorale a annoncé que l’élection législative partielle de Permatang Pauh, pour le siège de député de Penang auquel Anwar Ibrahim est candidat, aurait lieu le 26 août.

Des policiers armés et masqués avaient arrêté Anwar Ibrahim le 16 juillet et l’avaient placé en détention pendant vingt-quatre heures après le dépôt d’une plainte pour sodomie par Mohamad Saiful Bukhari Azlan. L’enquête se serait achevée le 31 juillet.

Mahathir Mohamad, Premier ministre, avait démis Anwar Ibrahim de ses fonctions de vice-Premier ministre et ministre des Finances en septembre 1998, à la suite d’un désaccord survenu entre eux concernant la politique financière à adopter au moment de la crise économique asiatique en 1997 et après les critiques exprimées publiquement par Anwar Ibrahim sur l’action du Premier ministre. En avril 1999, Anwar Ibrahim avait été condamné à six années d’emprisonnement pour corruption, auxquelles s’était ajoutée une peine de neuf années d’emprisonnement pour sodomie en août 2000. La Cour fédérale a cassé en appel la condamnation pour sodomie en 2004 ; Anwar Ibrahim avait passé six années en prison. Sa condamnation pour corruption lui interdisait de se présenter à des élections ou d’occuper des fonctions politiques jusqu’en avril 2008.

Anwar Ibrahim est entré en campagne le 1er août 2008, au lendemain de la démission de son épouse, Wan Azizah, de son poste de députée de Permatang Pauh.

Anwar Ibrahim est le chef de facto du Pakatan Rakyat (Alliance populaire), une coalition rassemblant trois partis opposés au Barisan Nasional au pouvoir, qui dirige la Malaisie depuis son indépendance en 1957. Le Pakatan Rakyat a obtenu 82 des 222 sièges au Parlement lors des élections générales de mars 2008. Pour la première fois depuis 1989, le Barisan Nasional a perdu la majorité des deux tiers au Parlement, requise pour contrer toute tentative de veto et pour amender la Constitution.

Anwar Ibrahim a appelé au vote d’une motion de censure du gouvernement avant le 16 septembre. Il a déclaré pouvoir obtenir le ralliement d’au moins 30 députés membres de la coalition au pouvoir en faveur de sa motion, ce qui lui permettrait de mettre fin à des dizaines d’années de pouvoir du Barisan Nasional.

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