Malaisie. Les réfugiés sont arrêtés, victimes d’atteintes aux droits humains et privés du droit au travail

Le gouvernement malaisien doit accorder aux réfugiés le droit de travailler, a déclaré Amnesty International ce mercredi 16 juin 2010 alors qu’elle met en avant le large éventail d’atteintes aux droits humains auxquelles sont en butte les réfugiés en Malaisie, qui viennent pour la plupart du Myanmar.

Publié à la veille de la Journée mondiale des réfugiés le 20 juin, le rapport intitulé Abused and Abandoned : Refugees Denied Rights in Malaysia rend compte du calvaire que vivent les réfugiés et les demandeurs d’asile venus trouver refuge en Malaisie, où ils sont privés de toute reconnaissance juridique, de protection et du droit au travail.

« Les réfugiés qui se trouvent en Malaisie doivent être en mesure de vivre dans la dignité. Le gouvernement doit prendre immédiatement des mesures afin de leur fournir des papiers d’identité officiels et de faire en sorte qu’ils bénéficient du droit au travail », a estimé Chris Nash, en charge des droits des réfugiés et des migrants à Amnesty International.

En Malaisie, les réfugiés et les demandeurs d’asile sont soumis à des arrestations et détentions arbitraires dans des conditions épouvantables, à des bastonnades, au chantage et à la traite des êtres humains, et sont renvoyés dans les pays qu’ils avaient fuis pour cause de persécutions.

En février 2010, Hishamuddin Hussein, ministre malaisien de l’Intérieur, a proposé que le gouvernement délivre des cartes d’identité aux réfugiés reconnus comme tels par les Nations unies. Il a ajouté que les réfugiés devaient pouvoir faire des « petits boulots », sans jouir pleinement du droit au travail. Toutefois, aucune mesure concrète n’a encore été prise pour mettre en service ces cartes d’identité.

Ces documents officiels offriraient aux réfugiés et aux demandeurs d’asile en Malaisie une protection immédiate contre la détention arbitraire, le harcèlement et le chantage imputables aux forces de police et au Corps des volontaires du peuple (RELA), qui s’obstinent à refuser de reconnaître les cartes délivrées par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Le RELA, milice composée de volontaires qui effectuent certaines tâches de police, continue d’opérer en toute impunité, bien que le gouvernement ait récemment assuré que l’organisation n’interviendrait plus pour faire respecter la législation relative à l’immigration.

Le rapport 2010 du Département d’État américain, intitulé Trafficking in Persons, a confirmé cette semaine que le RELA détient de manière arbitraire des réfugiés et des demandeurs d’asile et participe à la traite des êtres humains.

Il a également réaffirmé que « les réfugiés étaient particulièrement vulnérables face à la traite des êtres humains » et que les initiatives gouvernementales n’avaient guère amené de progrès en matière de condamnation des trafiquants.

Amnesty International reconnaît qu’en 2009 les représentants de l’État malaisien ont cessé de remettre des réfugiés et des demandeurs d’asile aux mains des trafiquants d’êtres humains opérant à la frontière entre la Thaïlande et la Malaisie.

« La Malaisie a encore un long chemin à parcourir en matière de droits des réfugiés, mais les cartes d’identité délivrées par le gouvernement seraient un début. Le moment est venu de mettre en œuvre cette mesure très simple, concrète et positive, qui changera de manière significative la vie de dizaines de milliers de réfugiés et de demandeurs d’asile installés dans le pays », a indiqué Chris Nash.

Amnesty International exhorte le gouvernement à continuer d’améliorer ses politiques vis-à-vis des réfugiés, notamment en s’appuyant sur sa coopération avec le HCR et en exigeant des services responsables de l’application des lois qu’ils cessent d’incarcérer les détenteurs de cartes délivrées par le HCR.

Elle exhorte aussi les autres États du globe à accélérer la réinstallation des réfugiés qui se trouvent actuellement en Malaisie.

Les programmes de réinstallation offrent à un petit nombre de réfugiés la possibilité de reconstruire leur vie dans des pays tels que l’Australie, le Canada, les États-Unis et certains États européens. Cependant, force est de constater que rien n’est fait pour réinstaller les Rohingya, minorité ethnique musulmane du Myanmar.

Complément d’information

La Malaisie n’a pas ratifié la Convention relative au statut des réfugiés et, aux termes de la loi malaisienne, les réfugiés et les demandeurs d’asile sont considérés comme des travailleurs clandestins ou sans papiers. Le HCR est l’unique autorité dans le pays qui reconnaît les réfugiés et leur offre une aide.

En Malaisie, 84 200 réfugiés et demandeurs d’asile sont enregistrés auprès du HCR, mais on estime que le nombre de personnes non enregistrées se trouvant dans une situation analogue est deux fois plus élevé.

Plus de 90 % des réfugiés et demandeurs d’aile répertoriés en Malaisie sont originaires du Myanmar.

Pour en savoir plus, veuillez consulter les documents suivants :
Rapport : Trapped : The Exploitation of Migrant Workers in Malaysia, 24 mars 2010, ASA 28/002/2010 ; http://www.amnesty.org/en/library/info/ASA28/002/2010/en.

Synthèse : There is a Way Out : Stop Abuse of Migrants Detained in Malaysia, avril 2010, ASA 28/003/2010 ; http://www.amnesty.org/en/library/info/ASA28/003/2010/en.

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