Communiqué de presse

Malaisie. La police recourt à des tactiques brutales contre les manifestants pacifiques

Le gouvernement britannique doit faire pression sur le Premier ministre malaisien au sujet de la liberté de réunion lors de sa visite prévue cette semaine au Royaume-Uni, a déclaré Amnesty International lundi 11 juillet, alors que des manifestants pacifiques ont été victimes de violences policières à Kuala Lumpur et que 1 667 personnes ont été arrêtées samedi 9 juillet.

La police a arrêté des manifestants pacifiques, tiré des grenades lacrymogènes directement sur les manifestants et sur un hôpital le 9 juillet, dans le but d’empêcher le rassemblement en faveur d’une réforme électorale baptisé Bersih 2.0, qui devait avoir lieu dans un stade.

L’un des manifestants, Baharuddin Ahmad, 56 ans, s’est effondré près des tours jumelles Petronas alors qu’il tentait d’échapper aux gaz lacrymogènes, et a plus tard été déclaré mort à l’hôpital.


« Le gouvernement du Premier ministre Najib Abdul Razak a affiché un mépris total pour les milliers de Malaisiens qui exercent leur droit de manifester pacifiquement
, a déclaré Donna Guest, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

« Cette répression violente exercée par la Police royale de Malaisie bafoue les normes internationales relatives aux droits humains, et doit cesser. Les autorités doivent autoriser toute nouvelle manifestation pacifique et en respecter le déroulement. »

Amnesty International engage les autorités malaisiennes à enquêter sur les allégations selon lesquelles la police n’a pas fourni d’assistance rapide à Baharuddin Ahmad avant sa mort, y compris les informations selon lesquelles une ambulance est arrivée une heure et demie après qu’il se soit effondré.

De nombreux manifestants ont été battus par les policiers et les agents de l’Unité fédérale de réserve, une force spéciale utilisée pour disperser les rassemblements publics de masse. L’une des nombreuses vidéos postées sur Youtube montre des policiers en civil rouant de coups de pied un manifestant cloué au sol, tandis que des policiers en uniforme regardent la scène.

Les policiers ont également tiré des grenades lacrymogènes directement sur les manifestants, parmi lesquels des membres de l’opposition parlementaire. Le leader de l’opposition Anwar Ibrahim a été blessé par une bombe lacrymogène tirée dans sa direction et Khalid Samad, député du Parti islamique panmalaisien (PAS), a été touché à la nuque par une bombe.

En outre, des gaz lacrymogènes ont été tirés sur un hôpital où s’étaient réfugiés les manifestants, mettant en danger la santé des patients. La police malaisienne a nié ces faits.

« Le gouvernement britannique ne doit pas cautionner ces actes de violence en déroulant le tapis rouge au Premier ministre malaisien, a estimé Donna Guest. David Cameron doit faire savoir au Premier ministre Najib Abdul Razak que de telles violations des droits humains contre des manifestants pacifiques réclamant des réformes ne sont pas acceptables. »

Par ailleurs, Amnesty International demande au Vatican de faire pression sur le Premier ministre malaisien pour qu’il respecte les droits humains, lors de sa visite prévue à Rome en fin de semaine.

Tous les manifestants arrêtés lors du rassemblement ont désormais été libérés sans inculpation. Selon des sources locales, nombre d’entre eux présentaient des blessures infligées lors de leur interpellation.

« Le recours à la force par les policiers lors de ce rassemblement était excessif, inutile et destiné à instiller la peur », a expliqué Donna Guest.

Une quarantaine de personnes arrêtées en amont de la manifestation font l’objet de poursuites. La plupart ont été inculpées aux termes de l’article 49 de la Loi relative aux sociétés pour possession de matériels illégaux, notamment de T-shirts Bersih.

Six membres du Parti socialiste (PSM) sont détenus sans inculpation pour une durée indéterminée au titre de l’Ordonnance d’urgence depuis le 2 juillet. L’un d’entre eux, le parlementaire Jeyakumar Kumar, a été hospitalisé le 10 juillet pour des problèmes cardiaques après avoir subi des interrogatoires prolongés durant plusieurs jours.

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