L’organisation a recensé plusieurs cas de détentions arbitraires sur l’île en vertu des lois relatives à l’état d’urgence, pour la plupart des manifestants pacifiques et des journalistes. Des magistrats et des opposants politiques ont également été arrêtés arbitrairement depuis que l’état d’urgence a été instauré le 5 février. Ils doivent être libérés immédiatement, à moins qu’ils ne soient inculpés rapidement d’une infraction prévue par la loi.
« Ceux qui ont manifesté pacifiquement contre l’état d’urgence n’auraient jamais dû être incarcérés et doivent être libérés immédiatement et sans condition. Le gouvernement des Maldives se sert de l’état d’urgence comme d’un permis de réprimer, et s’en prend à des membres de la société civile, des juges et des opposants politiques », a déclaré Dinushika Dissanayake, directrice régionale adjointe pour l’Asie du Sud à Amnesty International.
L’état d’urgence a été prolongé le 20 février pour 30 jours supplémentaires, une mesure jugée « anticonstitutionnelle » par le procureur général des Maldives. Le Parlement a été forcé de voter le prolongement de l’état d’urgence en l’absence de quorum.
Amnesty International a constaté un recours à la force injustifiée et excessive par la police contre des journalistes et des manifestants pacifiques.
Des centaines se rassemblent chaque nuit dans les rues de Malé, la capitale, pour réclamer la libération des personnes détenues arbitrairement et la levée de l’état d’urgence.
L’un des manifestants, Abdulla Saleem, est tombé dans le coma après que la police a utilisé du gaz poivre pour disperser une manifestation. Il est toujours en soins intensifs dans un hôpital de la capitale.
Le 16 février, la police a attaqué plusieurs journalistes qui couvraient les manifestations contre l’état d’urgence. Certains ont été grièvement blessés et ont dû être hospitalisés.
Le 25 février, les autorités des Maldives ont imposé un couvre-feu après 22 heures, interdisant aux manifestants de se rassembler au-delà de cet horaire.
« Les gens ont le droit de manifester pacifiquement et les journalistes ont le droit de recueillir des informations et de couvrir ces manifestations librement et sans crainte. L’état d’urgence ne saurait servir à justifier une telle répression contre les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique. Les autorités doivent immédiatement cesser les attaques contre les manifestants pacifiques et enquêter efficacement sur les responsables présumés de ces agissements en vue de les amener à rendre des comptes », a déclaré Dinushika Dissanayake.