Mali. Il faut mettre fin aux attaques et arrestations de manifestants pacifiques suite au coup militaire

Des opposants aux nouveaux dirigeants du Mali ont été attaqués et blessés lors d’une manifestation pacifique organisée jeudi. Amnesty International appelle à l’ouverture d’une enquête sur ces attaques.

Cet événement intervient suite au coup militaire qui a renversé le Président Amadou Toumani Touré la semaine dernière.

Les manifestants demandaient le rétablissement de l’ordre constitutionnel lorsqu’ils ont été physiquement agressés et blessés par un groupe de personnes en civil à la Bourse du travail de Bamako, la capitale du Mali. Il s’agit de la deuxième attaque lancée contre des opposants à la junte militaire en quatre jours.

Parmi les manifestants, six responsables politiques ont été arrêtés et emmenés dans un camp militaire situé à l’extérieur de la capitale. Ils ont été relâchés peu après.

« Il est très inquiétant que les nouveaux dirigeants militaires maliens n’aient pas condamné les violences commises sous leurs yeux lors de ces deux attaques contre des manifestants en quatre jours » a déclaré Salvatore Saguès, chercheur d’Amnesty International sur l’Afrique de l’Ouest.

« Les responsables militaires doivent veiller à ce que ces actes de harcèlement à l’encontre de personnes exprimant pacifiquement leurs opinions fassent l’objet d’une enquête et que les responsables de ces actes soient traduits en justice »
.

L’un des témoins, l’ancien ministre de la Justice, Hamidou Diabaté, a raconté à Amnesty International :

« Nous étions en train de discuter pacifiquement quand des personnes ont commencé à nous lancer des pierres, et à frapper certains d’entre nous à coup de bâtons. Ils criaient des slogans en faveur du coup d’État. »

Plusieurs personnes ont gravement été blessées à la tête, y compris Moussa Diakité, député de l’Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA) et Mahamane Rakibou Touré, Secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le développement (UDD).

Amnesty International s’inquiète également du maintien en détention de dix politiciens et fonctionnaires arrêtés juste après le coup d’État.

Parmi ces dix personnes se trouvent trois membres du gouvernement renversé ainsi que des membres de partis d’opposition maliens.

Jeudi, une délégation d’Amnesty International Mali a visité ces détenus au camp militaire de Kati (à 15 km de Bamako), où certains d’entre aux ont entamé une grève de la faim pour protester contre leur détention.

« Ces personnes ont dit à notre délégation qu’elles ignoraient la raison pour laquelle elles étaient maintenues en détention depuis une semaine et qu’il leur avait été interdit d’entrer en contact avec leurs familles et avocats », a déclaré Salvatore Saguès.

« Ces détentions arbitraires constituent une violation des normes internationales mais également du droit malien qui interdit la détention, sans inculpation, de toute personne pour plus de quarante-huit heures. Ces personnes doivent être libérées immédiatement. »

Alors que le coup d’État a suscité une large condamnation internationale, le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE), nouvellement créé, et dirigé par la Capitaine Amadou Sanogo a adopté un « Acte fondamental » qui vise à remplacer la Constitution suspendue et ce, jusqu’à l’organisation d’une élection présidentielle dont la date n’a pas encore été annoncée.

Le coup d’État a été dirigé par des militaires opposés à la manière dont le gouvernement gérait la rébellion touarègue dans le nord du pays.

Une délégation de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), qui a suspendu le Mali et a appelé à ce que le Président Amadou Toumani Touré soit réinstallé dans ses fonctions, a annulé sa visite au Mali jeudi après que des manifestants sur le tarmac de l’aéroport de Bamako eurent condamné l’intervention de cet organe régional.

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