Communiqué de presse

Manifestation Raif Badawi. Un an après sa condamnation, des parlementaires se joignent aux militants

Ce jeudi, à l’occasion du premier anniversaire de la condamnation du blogueur saoudien Raif Badawi à notamment 10 ans de prison et 1000 coups de fouet, des militants d’Amnesty International accompagnés de plusieurs parlementaires manifestent devant l’ambassade d’Arabie saoudite pour réclamer la libération et l’annulation des peines de Raif Badawi et de son avocat, Waleed Abu al-Khair et, plus globalement, celle de tous les autres prisonniers d’opinion saoudiens.

« Voici déjà un an que Raif Badawi a été condamné à cette terrible peine pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression ; c’est intolérable », déclare Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.

« Nous ne nous contentons bien sûr pas de l’interruption des flagellations en public. Tant que sa peine sera maintenue, qu’il restera injustement emprisonné et risquera d’être flagellé, nous maintiendrons la pression afin qu’il soit libéré sans condition et que sa peine soit annulée », explique encore Philippe Hensmans.

Ensaf Haidar, l’épouse de Raif Badawi, qui milite inlassablement en faveur de son mari, a adressé un appel aux autorités saoudiennes afin qu’elles le relâchent.

« Il y a un an, vous avez condamné mon époux à 10 ans de prison et 1 000 coups de fouet. Il y a quatre mois, vous l’avez flagellé en public comme s’il était un affreux criminel. Exprimer son opinion n’est pas un crime, j’exhorte le roi Salman bin Abdul Aziz Al Saud à libérer mon mari immédiatement et à mettre fin à ses souffrances », a déclaré Ensaf Haidar.

Le cas du blogueur saoudien entraîne depuis le début de l’année une très forte mobilisation. Ainsi, ce sont plus de 1 100 000 signatures en sa faveur qui ont été récoltées à travers le monde ; près de 35 000 au niveau belge.

La situation des droits humains en Arabie saoudite est dans l’ensemble désastreuse. Ainsi, la liberté d’expression est soumise à de sévères restrictions ; il est notamment toujours interdit de créer une organisation de défense des droits humains et les rassemblements pacifiques de militants dans des lieux publics demeurent illégaux.

La justice présente de graves défaillances et les procédures du tribunal pénal spécial, entourées de secret, perpétuent l’utilisation abusive du système judiciaire pour terroriser et punir les militants pacifiques. De nombreux prisonniers d’opinion sont ainsi détenus uniquement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, d’association ou de réunion pacifique, demeurent derrière les barreaux et les procès iniques de militants des droits humains accusés de « terrorisme » se poursuivent.

Peu après l’accession au trône du roi Salman bin Abdul Aziz Al Saud, Amnesty International lui a adressé par écrit une série de recommandations essentielles en matière de droits humains. L’organisation a en particulier demandé la libération des dizaines de défenseurs des droits humains, partisans de la réforme, dissidents et militants emprisonnés, parmi lesquels Raif Badawi. Elle n’a reçu à ce jour aucune réponse.

Complément d’information

Raif Badawi a été condamné le 7 mai 2014 par le Tribunal pénal de Djedda à 10 ans de prison et 1 000 coups de fouet, assortis d’une interdiction de voyager pendant 10 ans à l’issue de sa peine, d’une interdiction d’utiliser les médias et d’une amende de 1 million de riyals saoudiens (environ 226 000 euros). Ce jugement est lié à la création de son site internet « Libérez les libéraux saoudiens » (dont la Cour a ordonné la fermeture), et à des accusations selon lesquelles il aurait « insulté l’islam ». Raif Badawi était initialement inculpé d’« apostasie », infraction passible de la peine de mort en Arabie saoudite.

Malgré les efforts de son avocat, Waleed Abu al Khair, également en prison en raison de son militantisme pacifique, la Cour d’appel de Djedda a confirmé la condamnation de Raif Badawi le 1er septembre. Selon la décision finale de cette instance, Raif Badawi doit recevoir 50 coups de fouet consécutifs à un intervalle d’une semaine. La première séance a eu lieu en public le 9 janvier dernier. Les flagellations qui devaient avoir lieu les 16 et 23 janvier derniers ont été reportées pour raisons médicales. Depuis lors, aucun autre coup n’a été porté au blogueur, mais les autorités se sont abstenues de motiver les dix derniers reports (6, 13, 20 et 27 février ; 6, 13, 20 et 27 mars ; 3, 10, 17 et 24 avril ; 1er mai). Il est pour l’heure impossible de savoir si Raif Badawi sera flagellé ce vendredi 8 mai.

Pour agir

 La pétition à l’attention du roi d’Arabie saoudite et du Premier ministre saoudien est disponible ici

 La manifestation a lieu chaque jeudi à 17 h devant l’ambassade d’Arabie saoudite : Avenue Louise 326 à 1050 Bruxelles.

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