Amna Guellali, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International, a déclaré : « Le seul " crime " qu’ait commis Rida Benotmane a été d’exprimer des griefs légitimes contre les autorités dans quelques publications et vidéos sur les réseaux sociaux. Cette affaire n’est que la dernière manœuvre des autorités consistant à invoquer des poursuites absurdes pour faire taire les voix critiques et met en lumière la répression de la liberté d’expression au Maroc.
« Les autorités marocaines doivent libérer Rida Benotmane immédiatement et abandonner les fausses accusations portées à son encontre. Elles doivent veiller à ce que chacun puisse exercer sa liberté d’expression sans crainte de représailles. »
Amnesty International a examiné des dossiers judiciaires indiquant que la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) de Casablanca a interrogé Rida Benotmane au sujet d’un message publié sur Facebook le 13 septembre 2021, qui appelait à une marche publique contre les atteintes aux droits humains commises par les forces de sécurité. La police l’a également interrogé au sujet de deux vidéos YouTube publiées en août 2021, dans lesquelles il dénonçait le fait que les revendications de la population en matière de justice sociale ne sont pas prises en compte et alertait sur la possible utilisation du pass vaccinal contre le COVID-19 comme outil de répression.
Arrêté le 9 septembre, Rida Benotmane a été inculpé le lendemain d’« outrage à un organisme réglementé par la loi », d’« outrage à des fonctionnaires publics dans l’exercice de leurs fonctions » et de « diffusion et distribution de fausses allégations sans accord », aux termes des articles 265, 263, 266 et 447-2 du Code pénal, respectivement. Il est également accusé d’avoir enfreint le décret relatif à l’état d’urgence sanitaire. Il comparaîtra devant le tribunal de première instance de Rabat le 22 septembre.
Membre de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) et militant politique ayant déjà passé quatre ans derrière les barreaux, Rida Benotmane observe actuellement une grève de la faim pour protester contre sa détention.
Complément d’information
En avril 2022, Saida el Alami, défenseure des droits humains et membre du collectif Femmes marocaines contre la détention politique, a été condamnée à deux ans de prison pour avoir publié des messages sur les mauvais traitements subis entre les mains de la police et critiqué la répression visant journalistes et militant·e·s. Le blogueur Rabie al Ablaq a également été condamné en avril à quatre ans de prison pour offense au roi en raison de deux vidéos postées sur les réseaux sociaux.