Mauritanie : Les cinq défenseurs des droits humains arrêtés lors de la célébration de l’anniversaire de l’indépendance doivent être libérés

Les autorités mauritaniennes doivent libérer immédiatement et sans conditions cinq défenseurs des droits humains, membres de collectifs de veuves et d’orphelins, arrêtés lors de la célébration de l’anniversaire de l’indépendance du pays

Depuis le 28 novembre, ces activistes sont détenus, sans accès à un avocat, dans les locaux du commissariat de la ville de Kaédi au sud du pays. Le président de la République y participait à la célébration de l’anniversaire de l’indépendance, et lors du passage du cortège des officiels, ils ont brandi des banderoles et distribué des tracts appelant à l’ouverture d’enquêtes et de poursuites pénales à l’encontre de personnes qu’ils accusent d’être responsables des exécutions extrajudiciaires commises entre 1989 et 1991.

« L’arrestation et la détention arbitraire de ces activistes constituent un rude coup porté à la liberté de manifestation pacifique et d’expression en Mauritanie et une manœuvre d’intimidation visant à réduire les défenseurs des droits humains au silence, » a déclaré François Patuel, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.

« Ces veuves et orphelins n’ont fait que demander justice pour leurs maris et leurs pères en engageant des actions pacifiques pour faire entendre leurs voix. Ils n’auraient jamais dû être arrêtés. Ils doivent être libérés immédiatement et sans conditions. »

Trois veuves dont Maimouna Sy, secrétaire générale du collectif des veuves du passif humanitaire figurent parmi les personnes toujours en détention. Son époux a été tué dans la localité d’Inal (ouest) le 28 novembre 1990. Agée de 67 ans, Mainouna Sy souffre de diabète et d’hypertension.

Les membres des collectifs déployaient des banderoles et distribuaient des tracts parmi la foule de personnes assistant aux célébrations. Des individus en civil sont alors intervenus pour mettre fin à leurs activités et arrêter 15 personnes, dont 10 qui ont été libérées le jour même. Plusieurs d’entre elles ont reçu des coups au moment de leur arrestation.

Malgré les demandes d’enregistrement déposées par les responsables du collectif des veuves du passif humanitaire, les autorités mauritaniennes refusent de leur délivrer une autorisation d’exercer. Ce qui constitue une violation du droit à la liberté d’association et pousse les membres du collectif à exercer leurs activités publiques sans être officiellement reconnus.

Les veuves des victimes des événements allant de 1989 à 1991 se sont regroupées afin de poursuivre en justice des membres des forces armées impliquées dans les violations des droits humains perpétrées à cette époque et obtenir réparation. Selon les Nations Unies, suite à un prétendu complot d’officiers en 1990, plus de 3 000 militaires, fonctionnaires et autres cadres ont été interpellés et emprisonnés et 500 d’entre eux auraient été victimes d’exécutions extrajudiciaires.

Complément d’information

Les autorités mauritaniennes utilisent régulièrement les lois relatives à l’ordre public, à la rébellion et à l’appartenance à une organisation non reconnue pour engager des poursuites à l’encontre des défenseurs des droits humains, en particulier des militants luttant contre l’esclavage et la discrimination à l’égard de minorités.

Deux militants de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA-Mauritanie) sont toujours en détention dans la prison de Bir Moghrein, située à 1100 km de Nouakchott, loin de leurs avocats et de leurs familles. Ils auraient subi des actes de torture et d’autres mauvais traitements. Ils ont été arrêtés en novembre 2016, les autorités mauritaniennes leur reprochant d’avoir participé à une manifestation dans un bidonville de Nouakchott, ce qu’ils ont par ailleurs toujours nié.

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