MEXIQUE. Amnesty International se réjouit de la libération du prisonnier d’opinion Raúl Hernández

Index AI : AMR 41/063/2010

ÉFAI - 31 août 2010

Amnesty International se félicite de la libération du prisonnier d’opinion Raúl Hernández, incarcéré pendant plus de deux ans dans l’État de Guerrero sur la base de fausses accusations. Cet homme ayant été acquitté le 27 août 2010, l’organisation demande maintenant qu’une enquête soit menée sur les poursuites infondées engagées contre lui, et insiste sur la nécessité qu’il soit dûment indemnisé pour avoir été injustement incarcéré.

Raúl Hernández avait été arrêté et accusé du meurtre d’Alejandro Feliciano García commis le 1er janvier 2008 dans le village d’El Camalote, dans le Guerrero. Les dépositions de témoins indiquant que Raúl Hernández n’était pas présent lorsque le meurtre avait eu lieu n’avaient pas été prises en compte. Amnesty International menait campagne pour sa remise en liberté depuis novembre 2009, date à laquelle elle l’avait adopté comme prisonnier d’opinion.

Pendant la phase de la procédure consacrée à l’étude des éléments de preuve, le juge a procédé à un examen du lieu du crime qui a confirmé que les déclarations de témoins selon lesquelles Raúl Hernández était présent lors du meurtre étaient infondées.

Amnesty International est convaincue que Raúl Hernández a été poursuivi parce que les autorités locales voulaient le punir de ses activités légitimes visant, d’une part, à promouvoir les droits des indigènes par le biais de l’Organisation du peuple indigène mephaa (OPIM) et, d’autre part, à dénoncer les violences commises par les caciques locaux, les militaires et les autorités.

Les autorités ont fréquemment utilisé la justice pour punir les personnes œuvrant pour le respect des droits des groupes marginalisés. La détention prolongée et injuste de Raúl Hernández est emblématique de la persécution systématique des membres de l’OPIM dans le Guerrero, ainsi que des menaces et agressions dont font régulièrement l’objet les défenseurs des droits humains au Mexique.

Il faut que le gouvernement mexicain mette rapidement en place un véritable programme de protection des défenseurs des droits humains.

Le cas de Raúl Hernández illustre la vulnérabilité des défenseurs des droits humains au Mexique. Victimes de détentions illégales et d’emprisonnements fondés sur de fausses accusations, ils sont aussi harcelés, intimidés, menacés et, parfois, tués.

Complément d’information

Le 17 avril 2008, Manuel Cruz, Orlando Manzanarez, Natalio Ortega, Romualdo Santiago et Raúl Hernández ont été incarcérés après avoir été accusés du meurtre, le 1er janvier 2008, d’Alejandro Feliciano García. Ces cinq membres de l’OPIM avaient été arrêtés par l’armée à un poste de contrôle militaire. Quatre d’entre eux ont été libérés à l’issue de l’examen par la justice fédérale du bien fondé de leur détention (amparo). Des mandats d’arrêt en relation avec le meurtre ont également été émis contre dix autres membres de l’OPIM, mais ils n’ont pas été mis à exécution.

Le juge fédéral a refusé d’abandonner les poursuites contre Raúl Hernández en arguant du fait que deux témoins avaient déclaré qu’il était présent sur les lieux du crime. Le juge n’a pas pris en compte, cependant, le fait que d’autres témoins oculaires avaient indiqué quant à eux qu’il n’était pas présent au moment des faits. L’affaire a été renvoyée devant la justice du Guerrero où les avocats de la défense ont obtenu que de nouvelles audiences soient consacrées à l’examen des preuves ; c’est à cette occasion qu’il est apparu que les dépositions des témoins de l’accusation n’étaient pas fiables. Une fois son innocence établie, le 27 août, Raúl Hernández a été acquitté et remis en liberté sur-le-champ.

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