Mexique. Il faut communiquer le nom des personnes arrêtées et enquêter sur les violences à Oaxaca

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

AMR 41/051/2006

Amnesty International est préoccupée par le sort réservé aux personnes arrêtées à Oaxaca depuis le 29 octobre 2006. Les organisations non gouvernementales de défense des droits humains d’Oaxaca ont cherché à obtenir des informations sur plus de 80 personnes, parmi lesquelles des mineurs, ayant été arrêtées pendant cette période. Ni les autorités fédérales ni celles de l’État n’ont rendu public officiellement le nom des personnes détenues.

L’absence d’informations officielles sur les détenus, sur leur état de santé et sur les charges qui pourraient être retenues contre eux pourrait signifier que ces personnes sont détenues au secret et soumises à des mauvais traitements, en violation de leurs droits fondamentaux. Amnesty International a reçu au cours des cinq derniers mois des informations sur des cas de torture, de mauvais traitements et de détention au secret aux mains des autorités de cet État du Mexique.

Amnesty International exhorte les autorités à rendre public le nom des personnes détenues et les charges dont elles pourraient faire l’objet. Les autorités doivent également faire le nécessaire pour que ces personnes puissent entrer en contact avec leurs proches, recevoir des soins médicaux si nécessaire, se faire assister de l’avocat de leur choix et être présentées à un magistrat. Les autorités doivent autoriser des représentants de la société civile, y compris les personnes qui œuvrent pour le respect des droits humains à Oaxaca, à se rendre sur les lieux pour constater la situation des détenus.

La Commission nationale des droits humains et la Commission des droits humains d’Oaxaca doivent coordonner leurs efforts pour veiller, en coordination avec la société civile, au respect des droits des détenus.

Il faut également que les autorités rendent public le nom des personnes qui sont mortes pendant le conflit ainsi que celui de celles qui ont été blessées, y compris au sein des forces de sécurité.

Amnesty International exprime sa consternation face au fait que 17 morts ont été signalées depuis le début du conflit il y a cinq mois, dont un certain nombre seraient le fait d’individus ou de groupes de personnes armées qui auraient des liens avec le parti au pouvoir dans cet État. L’organisation demande instamment qu’une enquête fédérale et impartiale soit menée sur ces crimes. De même, l’organisation condamne le recours apparent à une force excessive de la part des membres de la police de la municipalité, de l’État et de la fédération lors des différentes opérations menées contre les manifestants, et elle insiste sur la nécessité d’enquêter de manière impartiale sur toutes les violations des droits humains commises.

Amnesty International condamne en outre les actes de violence dont se sont rendus coupables certains secteurs de l’Assemblée populaire du peuple d’Oaxaca (APPO) contre la police de l’État et de la fédération ; elle a lancé un appel aux manifestants pour qu’ils respectent l’état de droit pendant ce mouvement de protestation.

Complément d’information

Le 29 octobre 2006, plus de 4 000 membres de la Police fédérale de prévention (PFP) sont entrés dans le centre de la ville d’Oaxaca pour disperser le millier d’enseignants en grève et de sympathisants de l’APPO qui occupaient la ville pour exiger la démission du gouverneur de l’État, Ulises Ruiz Ortiz. Le 2 novembre, des affrontements ont éclaté entre des sympathisants de l’APPO et la police à l’entrée de l’Université autonome Benito Juárez d’Oaxaca, qui est toujours occupée par les militants de l’APPO. Le 7 novembre, il y a eu une autre manifestation contre le gouverneur de l’État, au cours de laquelle les manifestants ont demandé le retrait de la PFP d’Oaxaca.

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