Mexique : Justice inachevée. Commémoration du massacre d’Acteal

Déclaration publique

AMR 41/074/2007

Le 22 décembre 1997, 45 indigènes, des femmes et des enfants pour la plupart, membres de Las Abejas (Les Abeilles), une organisation de la société civile, étaient assassinés à Acteal, dans la municipalité de Chenalhó, dans l’État du Chiapas. Les autorités avaient armé et entraîné les membres des groupes armés ou paramilitaires illégaux responsables du massacre et n’étaient pas intervenues pour empêcher la tuerie, alors qu’elles en auraient eu l’occasion à plusieurs reprises. Si beaucoup des hommes de main ont été reconnus coupables ainsi que plusieurs responsables d’un rang peu élevé, aucune responsable au niveau de l’État ou au niveau fédéral n’a été poursuivi en justice pour son implication dans cette affaire.

À l’occasion du 10ème anniversaire du massacre, Amnesty International rappelle aux autorités qu’elles ont le devoir d’accorder des réparations effectives aux victimes et à leurs proches qui continuent de vivre avec les souffrances et les conséquences de cette atrocité.Le massacre reste l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire moderne du Mexique : les faits n’ont jamais été pleinement établis, tous les responsables du massacre n’ont pas été jugés et les victimes n’ont pas reçu de réparations appropriées.

Amnesty International souhaite faire part de sa solidarité aux membres de la communauté Las Abejas qui ont fait campagne sans relâche pour obtenir justice et qui commémorent le dixième anniversaire du massacre en organisant diverses manifestations. Amnesty International demande instamment au gouvernement de l’État du Chiapas et au gouvernement fédéral de s’acquitter de leur responsabilité internationale afin que la vérité éclate, que justice soit rendue et que des réparations soient accordées aux victimes de ces graves atteintes aux droits humains.

Complément d’information

L’enquête sur le massacre d’Acteal a abouti à la condamnation de plus de 70 personnes directement impliquées dans le massacre à des peines allant de vingt-cinq à trente-six ans d’emprisonnement pour meurtre, blessures par omission et infraction à la législation sur les armes à feu. Beaucoup ont fait appel. Quatorze fonctionnaires ont également été condamnés et ont effectué des peines allant de trois à huit ans d’emprisonnement pour meurtre et blessures par omission ou infraction à la législation sur les armes à feu. Néanmoins, de hauts responsables, notamment des militaires soupçonnés d’être impliqués dans le massacre, que ce soit pour n’avoir pas su empêcher les atrocités ou pour avoir donné leur assentiment aux violences, n’ont pas eu à rendre compte de leurs actes et ont jusqu’à présent échappé à la justice.

La société civile de Las Abejas, organisation catholique pacifiste luttant pour les droits des peuples indigènes et la résolution pacifique des conflits locaux, a été créée en 1992.

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