Une militante déclare : « Le gouvernement du Zimbabwe a durci la répression dans le sillage du Printemps arabe

L’espoir que la vague de soulèvements populaires qui a déferlé sur l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient allait gagner le sud et se traduire par des réformes sociales de grande ampleur s’est brisé au cours de l’année 2011 sur la répression brutale des manifestations dans toute l’Afrique subsaharienne.

Jenni Williams, directrice exécutive et membre fondatrice de Femmes du Zimbabwe, debout ! (WOZA), assure que dans son pays, il ne fait aucun doute que les événements en Égypte, en Tunisie, à Bahreïn et en Syrie ont en fait incité les autorités à durcir la répression contre les manifestations.

« En février 2011 a débuté une année très difficile », explique-t-elle.

« Nous avons toujours été en butte aux actions des autorités qui contraient notre travail. Mais la répression s’est intensifiée après les actes courageux et admirables qui ont marqué le Printemps arabe. »

« Soudain, le monde, tout comme les derniers dictateurs encore au pouvoir, s’est mis à regarder les manifestations pacifiques d’un autre œil. La situation s’est durcie pour nous en 2011. Pour ma part, j’ai été arrêtée à deux reprises et inculpée d’enlèvement et de vol, des accusations forgées de toutes pièces. »

Mouvement en faveur de la justice sociale qui compte environ 80 000 membres, WOZA est une plateforme destinée à encourager les femmes à parler de sujets qui affectent leur vie quotidienne au Zimbabwe. Ses membres ont commencé à protester en 2003, et leur militantisme leur a valu d’être à maintes reprises en butte à des actes d’intimidation et à des mauvais traitements, voire d’être incarcérés.

« Tout à coup, la police met en œuvre toute une série de stratégies pour nous empêcher de nous rassembler pacifiquement, comme nous le faisons depuis 10 ans. Il ne fait aucun doute que le régime de Robert Mugabe veut empêcher un Printemps zimbabwéen », a estimé Jenni Williams.

En février 2011, 45 militants de la justice sociale, syndicalistes et défenseurs des droits humains ont été arrêtés et inculpés de trahison, simplement pour avoir organisé une conférence visant à débattre des répercussions des manifestations en Égypte et en Tunisie.

Jenni Williams a été interpellée 43 fois et incarcérée à plusieurs reprises, et s’attend à être de nouveau placée derrière les barreaux l’an prochain, lorsque les Zimbabwéens se rendront aux urnes. Elle est constamment contrainte de se présenter devant les tribunaux, car son affaire est encore en instance. Malgré cela, elle n’a aucunement l’intention de renoncer à ses activités militantes.

« À aucun moment, je ne regrette ce que je fais. Je me réjouis du travail accompli et les personnes avec lesquelles je travaille sont dans le même état d’esprit. Nous sommes embarqués dans le même navire et ensemble nous allons construire une nouvelle démocratie. »

« Ce sentiment d’être " en vie " que procure l’action militante, le fait de s’exprimer haut et fort, compense tous ces moments où l’on est marginalisé et contraint de se taire. »

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