Les autorités de l’Arabie saoudite doivent cesser de traiter les femmes comme des citoyennes de seconde zone et ouvrir les routes du royaume aux conductrices, a déclaré Amnesty International jeudi 16 juin 2011, alors qu’un groupe de Saoudiennes se préparait à braver une interdiction de conduire en vigueur depuis plusieurs décennies pour les femmes.
Une campagne sur Internet appelle les femmes qui possèdent un permis de conduire international à prendre le volant sur les routes d’Arabie saoudite le 17 juin. Baptisée Women2Drive et diffusée sur Facebook et Twitter, elle encourage les femmes à conduire dans le cadre de leurs activités quotidiennes normales plutôt qu’à faire converger leurs véhicules vers un même endroit.
« Le fait de ne pas autoriser les femmes à prendre le volant en Arabie saoudite constitue un immense obstacle à leur liberté de mouvement et limite fortement leur capacité à accomplir comme bon leur semble des activités quotidiennes telles qu’aller au travail ou au supermarché, ou encore aller chercher leurs enfants à l’école, a souligné Philip Luther, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du nord d’Amnesty International.
« Les autorités saoudiennes ne doivent pas arrêter les femmes détentrices d’un permis qui choisissent de conduire, et elles doivent leur accorder les mêmes conditions qu’aux hommes en matière de conduite.
Ce n’est qu’un exemple des très nombreux domaines de la vie dans lesquels les femmes sont privées de leurs droits humains et de leur autonomie en Arabie saoudite. »
Les autorités ont réprimé les récentes tentatives visant à braver l’interdiction de conduire menées par des femmes possédant un permis de conduire international.
Le mois dernier, les autorités de la ville d’Al Khubar, dans la province de l’Est, ont arrêté Manal al Sharif, une consultante en sécurité informatique âgée de 32 ans, après qu’elle a conduit plusieurs fois et invité les autres femmes à en faire autant dans une vidéo qu’elle a diffusée sur YouTube.
Elle a été forcée à signer un engagement à ne plus conduire et a été libérée au bout de 10 jours.
Depuis son arrestation, plusieurs femmes auraient été arrêtées pour avoir conduit dans différentes régions d’Arabie saoudite et rapidement libérées après avoir signé des engagements à ne plus conduire.
Le ministre de l’Intérieur a officiellement interdit aux femmes de conduire en Arabie saoudite depuis 1990, à la suite d’une manifestation organisée par un groupe de femmes qui ont défilé à bord de leurs véhicules pour contester une interdiction relevant du droit coutumier en vigueur jusqu’alors.
En Arabie saoudite, les femmes subissent de graves discriminations dans la législation comme en pratique. Elles n’ont pas le droit de voter et il leur faut l’autorisation d’un tuteur de sexe masculin pour voyager, exercer un emploi rémunéré, suivre des études supérieures ou se marier. Les violences domestiques contre les femmes sont réputées être omniprésentes.
« Dans de nombreux domaines essentiels de la vie, les Saoudiennes subissent de graves discriminations, et elles doivent pouvoir contester pacifiquement cette situation actuelle », a ajouté Philip Luther.