Ces groupes ont exhorté les entreprises à respecter les droits des travailleurs lorsqu’elles adoptent des politiques visant à prévenir la propagation du COVID-19 tout en continuant leurs activités minières. Les travailleurs et les représentants syndicaux ont signalé que, dans bien des cas, les superviseurs n’avaient donné qu’une alternative aux travailleurs : rester et conserver leur emploi – en restant confinés sur place 24 heures sur 24, sept jours sur sept – ou se retrouver au chômage. Sur aux moins six sites miniers, les travailleurs sont confinés depuis plus de deux mois.
« Nous vous rappelons que vous avez la responsabilité de respecter les droits des travailleurs et les droits humains de l’ensemble de votre personnel, qu’ils soient employés directement par vous ou par l’intermédiaire d’un sous-traitant, conformément aux Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme (UNGP) et aux Principes directeurs de l’OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques] pour les entreprises multinationales, ont déclaré les organisations. La situation actuelle ne doit pas être utilisée comme prétexte pour violer ces droits et contourner vos responsabilités. »
Les travailleurs de certaines mines ont indiqué que les rations d’eau et de nourriture étaient insuffisantes, que les lieux d’hébergement étaient surpeuplés et que les installations sanitaires (toilettes et douches) étaient insalubres, ce qui risquait de faciliter la propagation du COVID-19. Plusieurs ont expliqué qu’ils devaient travailler au-delà du temps maximal autorisé par la loi, fixé à huit heures par jour, sans rémunération supplémentaire. Les travailleurs ont dit n’avoir reçu pratiquement aucune information quant à la durée du confinement ou aux futurs plans de lutte contre le COVID-19.
« Nous vous rappelons que vous avez la responsabilité de respecter les droits des travailleurs et les droits humains de l’ensemble de votre personnel [...], conformément aux Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme (UNGP) et aux Principes directeurs de l’OCDE »
Les organisations de défense des droits ont appelé les entreprises minières à abandonner toute politique impliquant un confinement. Celles qui maintiennent malgré tout de telles mesures sont tenues de veiller à ce que leurs travailleurs soient confinés dans de bonnes conditions. Il faut que les travailleurs puissent décider, librement et dans des conditions équitables, de continuer à vivre chez eux et à se rendre au travail tous les jours. Le contrat de ceux qui choisissent de rester chez eux doit être maintenu, ont déclaré les organisations.
Par ailleurs, les organisations ont indiqué avoir reçu des informations crédibles de la part de travailleurs et de représentants syndicaux selon lesquelles la majorité des entreprises minières ne respectaient pas les recommandations [1] de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) quant à la prévention de la propagation du COVID-19 (distanciation sociale, équipement de protection individuelle et lavage des mains), qu’elles appliquent ou non une politique de confinement.
« Nous reconnaissons que des décisions difficiles doivent être prises en ces temps troublés, ont déclaré les organisations. Néanmoins, le bien-être de vos travailleurs doit être primordial dans toutes les décisions prises. »
Des entreprises figurant parmi les géants mondiaux du secteur exploitent des mines de cuivre et de cobalt au Congo, notamment Glencore, Eurasian Resources Group (ERG), Ivanhoe Mines, China Molybdenum et Huayou Cobalt Company. La RDC est la première source [2] de cobalt de la planète : selon les estimations, elle fournit 70 pour cent de la production mondiale. Le cobalt est un élément essentiel pour fabriquer les batteries de véhicules électriques et d’appareils électroniques.
Au moins six entreprises minières auraient décrété un confinement total ou partiel : la Sino-Congolaise des mines (SICOMINES), la Compagnie minière de Musonoie (COMMUS), Somidez (mine de Deziwa), la Minière de Kalukundi (LAMIKAL), la mine de Kamoa-Kakula et la Minière de Kalumbwe Myunga (MKM).