« Au cours des 10 dernières années, les autorités moldaves ont manifestement failli à leur devoir de rendre justice aux centaines de manifestants pacifiques, dont des adolescents, qui ont été victimes de détentions arbitraires et de brutalités policières, » a déclaré Marie Struthers, directrice pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale à Amnesty International.
Comme le relate Amnesty International dans sa synthèse intitulée Justice not Attained, Future not Ensured, des centaines de manifestants pacifiques arrêtés illégalement, humiliés et frappés par des policiers à Chisinau attendent toujours que justice leur soit rendue.
« L’incapacité des autorités à amener tous les responsables présumés de ces agissements à rendre des comptes est grotesque, a déclaré Marie Struthers.
« Si une trentaine de policiers ont été poursuivis en justice et certains condamnés en lien avec les événements d’avril 2009, la plupart sinon tous étaient des agents subalternes. Quant aux policiers de haut rang, aux responsables politiques et aux représentants de l’État qui auraient pris les décisions opérationnelles et politiques à ce moment-là, ils n’ont pas fait l’objet de poursuites.
« La Moldavie a accompli certains progrès concernant son bilan en termes de droits humains ces dernières années. Des lois ont été modifiées et des mesures importantes prises pour remédier à la torture. Toutefois, nous engageons le gouvernement à faire davantage pour lutter contre les mauvais traitements et les graves questions structurelles qui ont des répercussions sur les droits humains. Les centaines de victimes de la répression de 2009 qui n’ont pas encore reçu des réparations adaptées doivent obtenir justice sans plus attendre. »
Complément d’information
Des manifestations contre les résultats des élections parlementaires controversées ont eu lieu du 6 au 8 avril 2009. À Chisinau, plus de 15 000 personnes y ont pris part. Bien que l’immense majorité des manifestants se soit rassemblée pacifiquement et qu’une minorité ait agi avec violence, la police a arrêté de manière arbitraire au moins 600 personnes, dont des mineurs. Ces personnes ont passé des heures, parfois des jours, en garde à vue et beaucoup ont été victimes de mauvais traitements, et notamment de passages à tabac, ce qui a causé au moins un décès.