En juin 2020, une cour d’appel a annulé le jugement sur la déclaration de culpabilité rendu à l’encontre de l’agresseur de Josina Machel, Rofino Licuco, son partenaire de l’époque, au motif qu’il n’y avait pas de témoins pour corroborer les faits de violence physique et psychologique. La cour a ajouté qu’à la lumière des éléments de preuve médicaux présentés, il ne pouvait être exclu que la blessure de Josina Machel soit due à « une simple chute » ou à « un objet contondant ». Contestant cette décision, Josina Machel a saisi la Cour suprême et la date du jugement doit encore être fixée.
« C’est une véritable parodie de justice de voir que Josina Machel attend encore, cinq ans après les faits, alors qu’elle a été violemment agressée dans le cadre d’un cas manifeste de violences liées au genre. Les autorités doivent veiller à ce que cette affaire, et toutes les affaires ayant trait à ce type de violences, fassent l’objet d’enquêtes et soient jugées de manière équitable et sans discrimination, a déclaré Deprose Muchena, directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique australe et l’Afrique de l’Est.
« Lorsque la roue de la justice met si longtemps à servir ceux qui sont fortement exposés au risque de violence et de discrimination, notamment les femmes, cela en dit long sur le système judiciaire du pays concerné. »
La décision de la cour d’appel, par laquelle Rofino Licuco a été jugé non coupable des violences liées au genre dont a été victime Josina Machel, porte un coup dur aux femmes et à toutes les personnes qui luttent contre ce type de violences.
En outre, Josina Machel a été la cible de menaces et d’actes d’intimidation [1] visant à la décourager de s’exprimer au sujet de ce qu’elle a vécu. En août 2020, elle a reçu une lettre de la part des avocats de Rofino Licuco, la mettant en garde et lui enjoignant de ne plus mentionner leur client, ni utiliser son nom dans des documents électroniques ou papier, des enregistrements ou du matériel de campagne, dans le but de la réduire au silence.
« Les femmes qui défendent les droits humains sont plus exposées aux risques de violences fondées sur le genre, simplement parce qu’elles élèvent la voix contre l’injustice et remettent en cause les rôles traditionnels assignés aux hommes et aux femmes au sein de la société. »
Le 17 octobre 2015, Josina Machel a été agressée par son partenaire au moment des faits, Rofino Licuco, et a perdu la vision de l’œil droit. D’après son témoignage, elle a reçu trois coups de poing, deux au visage, qui lui ont immédiatement fait perdre la vue, et un dans la nuque. Depuis l’agression, elle porte une prothèse oculaire. Rofino Licuco a initialement été reconnu coupable des faits de violences physiques et psychologiques, mais une chambre pénale du tribunal judiciaire de Maputo a annulé en appel ce jugement.
« Les femmes qui défendent les droits humains sont plus exposées aux risques de violences fondées sur le genre, simplement parce qu’elles élèvent la voix contre l’injustice et remettent en cause les rôles traditionnels assignés aux hommes et aux femmes au sein de la société, a déclaré Deprose Muchena.
« Les autorités doivent favoriser un environnement sûr et porteur pour Josina Machel et toutes les défenseures des droits humains afin qu’elles puissent poursuivre leur travail essentiel en faveur des droits. Il importe de faire savoir à toutes les victimes de violences liées au genre qu’elles peuvent s’exprimer et réclamer justice en toute sécurité. »
Complément d’information
Josina Machel est une défenseure des droits humains bien connue, fondatrice du mouvement Kuhluka, organisation non gouvernementale panafricaine qui s’emploie à mettre fin aux violences liées au genre. Elle est la fille de Graça Machel, célèbre militante des droits des femmes et des enfants, et de Samora Machel, premier président du Mozambique.
Après son agression en 2015, Josina Machel a été la cible d’une campagne d’intimidation : elle a notamment été suivie par des hommes non identifiés dans Maputo et a reçu des appels de menaces, y compris de la part de Rofino Licuco. Celui-ci est un homme puissant au Mozambique, qui s’appuie sur un vaste réseau de connexions politiques.